- - Source de la proposition : Algorithmes de la psychanalyse, par Jacques-Alain Miller (Ornicar n°16).
|
|
|
Les mathèmes de Lacan simulent une science qu'ils n'accomplissent point; ils restent polyvoques, vissés à lalangue, indissociables du style de leur auteur |
|
|
Autres renvois : |
|
L'avancée de Lacan, c'est d'avoir déroulé les suites de l'énoncé selon lequel L'inconscient est structuré comme un langage. Cet énoncé est une thèse : ce n'est ni un axiome, ni un théorème. Une thèse n'est pas formelle. Elle est indémontrable, mais réfutable. S'il y a démonstration, elle est à refaire pour chaque cas, et ne vaut que pour une (seule) "chute" de l'inconscient. Certes, l'affect, comme le rêve, le lapsus ou le mot d'esprit trouvent leur ordre dans la structure du langage. Mais chaque concept freudien (la répétition, la pulsion ou le transfert) est à déchiffrer à partir de Freud. La psychanalyse n'est pas une science de la nature. Le jour où elle sera complètement transmissible, Freud et Lacan auront disparu - [le transfert aussi, et même l'effet de sujet] et ce jour n'est pas en vue. Pour l'heure, le réel ne garantit pas le mathème, et la psychanalyse se transmet comme les autres traditions, par le signifiant. Aucun espoir de déchéance du sujet supposé savoir ne se lève à l'horizon.
L'inconscient travaille au chiffrage, et il n'existe d'algorithme ni pour le déchiffrer ni pour l'interpréter. Et quant à l'association libre, elle ne doit restreindre aucune association, ce qui interdit tout algorithme que le sujet voudrait se donner. L'efficace des mathèmes de Lacan ne peut se prouver que par une rhétorique. |
Certes on peut jouir du mathème (comme Newton jouissait de l'alchimie et Pythagore du nombre d'or), mais ce qui se transmet alors n'est pas le désir, c'est le symptôme. |
|
|