Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, Descartes, le cogito                     Derrida, Descartes, le cogito
Sources (*) : Derrida, l'indéconstructible               Derrida, l'indéconstructible
Jacques Derrida - "L'écriture et la différence", Ed : Seuil, 1967, pp84-85

 

Absence d'oeuvre (Manuelle Astorba, 2010) -

Derrida, auto - affection

La folie, cette "absence d'oeuvre", est la part de silence irréductible contre laquelle le langage peut surgir - et il ne peut surgir, par essence, que contre elle

Derrida, auto - affection
   
   
   
Derrida, le langage Derrida, le langage
Derrida, la folie               Derrida, la folie  
Une oeuvre sans autorité                     Une oeuvre sans autorité    

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C'est Michel Foucault qui définit paradoxalement la folie par l'"absence d'oeuvre". Il la compare à l'exemple canonique de la phrase paradoxale : "Je mens". Quand le fou parle, il dit quelque chose comme "Je délire". Comment peut-on délirer et, dans le même temps, dire de soi-même : Je délire? Comment peut-on fixer les règles de son propre langage au moment même où l'on parle? Ce qui caractérise la folie, c'est qu'elle ne suit pas les mêmes règles pré-établies du langage que le discours courant. Le fou a la capacité de parler une langue dont il définit en même temps lui-même les règles. Du point de vue du discours, il ne dit rien, c'est pure vacuité (absence d'oeuvre). Et pourtant cette "absence" donne l'essence même du langage dans le temps où il émerge.

A la suite de Foucault, Jacques Derrida reprend cette formule à propos du "Je suis" cartésien. D'un côté le Cogito est oeuvre [au sens de Foucault] dès qu'il se rassure dans son dire (p92), [c'est-à-dire dès qu'il se met du côté de la raison ou du discours normal]. Mais il est aussi du côté de la folie (l'absence d'oeuvre). Comme le fou, il édicte ses propres règles, ce qui n'est pas sans risque. C'est pourquoi la terreur d'être fou ne cesse de le hanter.

Pour ouvrir l'histoire, la parole, pour faire émerger le langage, il faut un coup de force. C'est Foucault qui utilise ce terme, coup de force, pour désigner l'acte accompli par Descartes à l'égard de la folie : l'exclusion. Selon Derrida, la folie n'est pas exclue. Elle est le fond sur lequel se détache la forme du langage, elle est l'adversaire contre lequel le discours doit trouver une assurance [Dieu chez Descartes, la confiance chez Derrida]. L'essence du langage, c'est de rompre avec la folie tout en se mesurant avec elle, tout près d'elle.

 

 

On trouve dans l'"absence d'oeuvre" la même tension que dans le concept d'"oeuvre d'art" [comme si l'un était le négatif de l'autre]. Ici, implicitement, l'oeuvre [d'art] est assimilée au discours normal; mais une oeuvre [d'art] qui ne serait que discours (qui n'aurait pas rapport à l'absence], ce ne serait pas une oeuvre. C'est ce qui ouvre la possibilité d'une "absence d'oeuvre" qui soit quand même une oeuvre (Artaud, Raymond Roussel).

 


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