A l'origine, le moi contient tout. Un moi-plaisir, séparé du dehors, se constitue en rejetant à l'extérieur les menaces ou les sources de déplaisir. Mais la constitution de ce moi secondaire n'est pas incompatible avec la survie du moi primaire, par exemple sous la forme d'un sentiment océanique qui englobe la totalité du monde [ou revient par l'intermédiaire du sentiment religieux]. Ce phénomène de conservation dans le psychisme d'une trace mnésique qui semble avoir été oubliée, mais peut ressurgir dans des circonstances particulières de régression, peut être comparé avec la Rome antique, telle qu'on peut la retrouver dans le plan actuel de la ville.

Même si les édifices anciens ont été détruits, leurs tracés et leurs emplacements subsistent. Leurs vestiges sont disséminés dans la grande ville. Imaginer qu'ils puissent revenir tels quels semble évidemment fantaisiste, absurde et irreprésentable - car le même espace serait rempli de plusieurs façons (avec plusieurs édifices de différentes époques). Mais c'est ainsi que fonctionne le psychisme humain. Bien que les phases antérieures se résorbent dans les phases ultérieures, sauf exception, ce qui est passé se conserve.