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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, le mal | Derrida, le mal | ||||||||||||||||
Sources (*) : | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | La pensée derridienne : ce qui s'en restitue | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 20 mai 2011 | Orlolivre : comment ne pas (se) faire (du) mal | [Derrida, le mal] |
Orlolivre : comment ne pas (se) faire (du) mal | Autres renvois : | |||||||||||||
Derrida, bénédiction, malédiction |
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Derrida, le pire, le mal radical |
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1. Un mal métaphysique. De Platon à Jean-Jacques Rousseau, un schème a dominé la pensée occidentale : tout ce qui vient en remplacement d'une vie supposée "originelle", "authentique" ou "naturelle", tout ce qui se substitue à la parole vive, garantie par le père et porteuse de vérité, est maléfique. Par opposition à une nature supposée innocente et bonne, le signe, l'écriture, la négativité, le supplément, ont été vécus comme un poison (pharmakon) qui surgit du dehors et oblige à avoir rapport à son autre. Contre ce mal [un mal métaphysique], on réagit par autoprotection, attaque, allergie - reproduisant autrement cette même dimension maléfique. Platon, Rousseau, Saussure s'affirment extérieurs à la mauvaise écriture, disséminatrice; mais eux aussi construisent une oeuvre écrite, eux aussi contribuent à cette prolifération maléfique. Heidegger croit trouver dans le Geschlecht ou les origines de la vieille langue allemande un lieu de rassemblement (source, souche, nation, dualité apaisée des sexes), mais il ne peut pas supprimer la dissension, ce qu'il nomme déclin, chute ou corruption. L'oeuvre derridienne prolonge cette tension. A ce mal d'écriture, il ajoute plus d'une pierre de plus, par son œuvre à lui et aussi par celles dont il se fait l'écho. Artaud par exemple, dénonce le mal (la répétition, la langue articulée, le discours), mais il tient à le faire survivre, à l'incarner dans des textes et des dessins. Il faut en garder la trace, le sauver.
2. Un mal d'archive. Jacques Derrida aborde la question de l'archive à partir de ce que, dans un livre qui porte ce titre, il appelle mal d'archive. C'est un mal freudien, le mal de Freud. Freud suppose que chaque élément à interpréter, chaque document irremplaçable renvoie à une origine unique, un commencement absolu. Il voudrait rendre vie à cette archive, mais elle se dérobe, devient symptôme, fantasme, se reproduit, se répète en un autre lieu, sur un autre support. Tenant cette prothèse pour une extériorité secondaire et accessoire par rapport à l'origine unique dont il attend la guérison du patient (anamnèse), il bute sur un divorce inéluctable, une hétérogénéité irréductible (hypomnèse). Le mal d'archive est le résultat de cet écart, qui contamine tous ses concepts. Ce trouble de l'archive hante notre époque. D'une part le désir de retour au vécu, au réel de l'instant comme critère de vérité; d'autre part, avec les télétechnologies, la multiplication des spectres, le mouvement infini de destruction machinique, d'expropriation.
3. Une injustice. Le mal, c'est quand quelque chose ne va pas : du désordre, de l'injustice, une voix étrangère, incompréhensible ou oraculaire. Pour réparer ce mal dont on ne connaît pas l'origine, on fait appel au juste, mais on se heurte à une nouvelle difficulté. Comment à la fois rendre la justice et rétablir le droit? Tandis que la loi s'impose par une force souveraine, un pouvoir, la justice, inconditionnelle et indémontrable, n'a de ressource qu'en elle-même, au-delà du droit et du temps. Entre la justice et le droit, il faut établir une alliance, négocier toujours de nouveaux compromis. Les séparer, c'est prendre le risque de faire revenir le mal ou pire, le mal radical.
4. Mal radical. Le concept de mal radical chez Derrida renvoie à ce qui pour lui est le plus grand risque, ce peut "arriver" de pire : que plus rien ne puisse arriver, l'annulation de l'avenir. On trouvera sur cette page une analyse de ce concept, qui peut se décliner en mal d'abstraction, anarchive, hostilité pure ou cendre. Comme la solution finale (la Shoah), on ne peut le penser qu'à partir de son autre (ce qu'il tente d'annihiler) : la singularité, la signature et le nom.
5. Bénédiction et malédiction. Par la bénédiction, on appelle dans l'avenir ce qui semble avoir été heureux. Mais ce qui surgit du passé, ce qui se répète, on ne sait jamais à l'avance si ce sera bénéfique ou maléfique. La bénédiction peut devenir malédiction et inversement, on ne sait jamais si la promesse s'arrêtera. S'il y avait un "bien" chez Derrida, ce serait tout ce qui s'oppose au mal radical : la préservation de l'imprévisible, de l'incalculable, de ce qui peut arriver sans prévenir, sans aucune anticipation possible. Tant que nous avons la possibilité d'y répondre, c'est notre responsabilité. Devant l'impardonnable, devant l'imprescriptible, s'ouvre (dans sa radicalité) la question du pardon.
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-------------- Propositions -------------- -L'annulation de l'avenir est le plus grand risque, le mal radical qui nous menace -A la "survivante éternelle", ce blasphème, ce parjure, cette figure du savoir absolu pour laquelle aucune surprise n'est possible, il faut répondre par l'aveu, la demande de pardon -Pour penser la religion aujourd'hui, il faut la relier à un mal d'abstraction, un déracinement dont les lieux sont : la machine, la technique et la technoscience -En tentant de formaliser le mal d'archive qui l'affectait, Freud a développé des concepts qui sont tous fendus, divisés, contradictoires -L'archive engage la menace infinie de la pulsion de mort : un mal radical qui emporte et ruine jusqu'à son principe -Nous vivons aujourd'hui un "mal d'archive", un trouble qui brouille le voir et le savoir -La voix oraculaire, étrangère à la raison et à l'essence de la voix, annonce sur un code privé la venue d'un secret mystérieux, sans concept : un mal, une apocalypse -Pour interpréter la corruption du "Geschlecht" comme chute, malédiction, Heidegger doit présupposer un lieu originel, univoque, qu'il hérite de Platon et du christianisme -La dissémination est la forme langagière de la dissension sexuelle, ce mal qui vient perturber la dualité apaisée des sexes (Geschlecht) -Un schème domine la philosophe occidentale : une bonne écriture (naturelle) opposée à une mauvaise (artificieuse) ne peut être désignée que dans la métaphore de la mauvaise -Pour Rousseau, le signe, comme l'écriture, est un supplément, une négativité, un mal qui supplée à la nature innocente et bonne -La bénédiction s'arrête quand quelque chose du passé, qui fut perçu comme bon ou mauvais, survit, prolifère et donne au mal un avenir -Quand on ne peut plus identifier la figure de l'ennemi comme telle, alors vient la violence inouïe, le mal radical sans mesure et sans fond -Artaud a voulu effacer la répétition en général, qui était pour lui le mal; seuls le geste ou la parole qui n'ont lieu qu'une fois et qui sont oubliés sans réserve sont dignes de son projet -A partir de la possibilité irréductible du "sans réponse" (le mal, la mort) surgit l'exigence d'une responsabilité infinie -Il n'est d'appel au juste, à la mémoire - que pour réparer quelque mal, quelque accident dans la loi, quelque déséquilibre ou quelque défaut dans la généalogie -Le pardon pardonne seulement l'impardonnable -La cendre est la figure de l'anéantissement sans reste, ni mémoire, ni archive - qui menace de détruire jusqu'à la possibilité même de témoigner de l'anéantissement -On peut réinvestir le thème du mal radical dans une autre logique : le Diable ou le Juif dans l'idéal aryen -Aucun humanisme ne peut se mesurer à la "solution finale", cette chose sans nom; et pourtant il ne faut pas succomber à la tentation de l'irreprésentable ou de l'ininterprétable -De la Shoah, aucune institution religieuse au monde ne sortit indemne, immune, saine et sauve -S'il fallait tirer un enseignement du "pire" (la "solution finale"), ce serait pour juger de la complicité des discours qui séparent radicalement le droit et la justice -[Oeuvrance d'Antonin Artaud : Il y a "oeuvre" quand on peut faire survivre le mal fait] -Il faut tenter de penser le nazisme depuis son autre : la possibilité de la singularité, de la signature et du nom -Une figure radicale du mal marque notre temps et nul autre : le mal d'abstraction, porté par la machine et les technosciences |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaMal AA.BBB DerridaCheminementsMC.MA.LMA PireGenocidesBD.LLO BV_DerridaMal Rang = zQuoisDerridaMalGenre = - |
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