Carol Gilligan reprend l'analyse qu'avait faite Nancy Chodorow en 1974. En général, ce sont les femmes qui assurent l'éducation des jeunes enfants pendant la petite enfance. Or les mères ont tendance à percevoir les filles comme leurs semblables, en continuité avec elles-mêmes. Les petites filles s'identifient à la fois au sexe féminin (identité) et à leur mère (attachement). Mais les petits garçons, pour s'identifier au sexe masculin, doivent se séparer de leur mère. Il en résulte pour eux une individuation et une différenciation plus nettes. Les filles émergent de cette période avec une capacité d'empathie contre laquelle les garçons doivent lutter. Elles ressentent les besoins ou les sentiments d'autrui comme les leurs, et se vivent plus en continuité avec le monde extérieur.

Il en résulte des rapports avec autrui différents : les femmes privilégient les relations sociales et les rapports personnels au détriment de leur individualité, tandis que les garçons doivent affirmer leur personnalité et ont plus fréquemment des problèmes relationnels avec autrui.