1. Une définition non spatiale de l'espacement.
Espacer, c'est mettre de l'écart, interposer. L'espacement n'est pas un phénomène purement, ni même essentiellement, spatial. C'est un mouvement engagé par des forces hétérogènes : discursives, temporelles, spectrales, qui produit sur les lieux et leurs articulations des effets imprévisibles.
cf : [Derrida, l'espacement, l'"entre"] §1.
2. Mises en oeuvre.
Dans toute mise en oeuvre, qu'elle soit musicale, littérale ou conceptuelle, qu'il s'agisse de cinéma, de dessin ou de n'importe quel genre, est posée la question de l'espacement. Il ne désigne rien de particulier. Il n'est que le lieu d'une hétérogénéité, un mouvement, une pression du dehors qui empêche l'oeuvre de se fermer sur elle-même.
Pour son "auteur", ses commentateurs ou ses destinataires, l'oeuvre est une fabrication spatiale, un spacieux.
3. Les archi-espacements.
L'espacement n'opère pas dans le vide. Il lui faut, pour se maintenir ouvert, des artefacts, des outils, des figures ou des schèmes, qui ne sont pas visibles ni descriptibles comme tels, mais peuvent s'entendre comme archi-artefacts ou archi-figures.
a. Musique.
cf : Aujourd'hui surgit, sous forme de déliaison et de brouillage des frontières, l'espacement originel qui dispose les corps à faire son.
Une oeuvre musicale ne peut pas s'entendre directement. Elle met de l'écart, elle fait désirer l'écart. Elle suppose l'écoute de l'autre, qui est imprévisible. Elle laisse le corps inscrire sa puissance d'invention singulière.
b. Cinéma.
cf : [Au cinéma sont mis en oeuvre des "archi-schèmes" qui conditionnent notre rapport au réel, la mise en jeu de notre être dans le monde].
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