La religion juive interdisait de sonder l'avenir en faisant appel aux devins. On était incité, par la prière ou l'étude de la torah, à commémorer le temps passé. Walter Benjamin compare cette commémoration à la façon dont certains historiens égrènent la suite des événements : comme un chapelet, dans une continuité homogène et vide. Mais le judaïsme n'en restait pas là. En associant chaque instant du présent à un moment du passé, il insufflait au temps une autre dynamique. Chaque seconde recevait une qualité propre, singulière. En associant, dans une fulguration, le temps présent et le temps passé, elle ouvrait un temps messianique.