Le mot impression a plusieurs sens. Ce peut être un sens empirique (une inscription sur un support), une notion vague, indéterminée (j'ai l'impression que....), ou encore l'impression laissée par un événement. Ici Derrida parle d'un événement unique, inoubliable, irrécusable, indéniable : l'impression que Freud laisse sur quiconque, y compris sur ceux qui la dénient. Notre culture en est marquée dans toutes les disciplines (philosophie, médecine, psychiatrie, histoire des idées, du droit, de la culture ou des religions, et aussi histoire de l'histoire, historiographie). Soit on reconnaît cette marque, soit on la refuse; soit on l'accepte, soit on l'efface, on la rature, on la refoule, mais quoiqu'il en soit, malgré tout, on ne peut pas faire autrement que de la confirmer (la contresigner).

Cette impression laissée par Freud tient à ses écrits (la partie publique de son oeuvre), à la psychanalyse et à ses institutions, mais elle dépend aussi des impressions qui ont été laissées en lui : sa naissance, sa circoncision, la dédicace et la bible qu'il a reçues de son père, son nom (Shelomoh Sigmund Freud fils de Jakob Shelomoh Freid), l'alliance qui en résulte et ses secrets.