Josef Hayim Yerushalmi s'adresse à Freud. Dans L'homme Moïse, Freud avance l'hypothèse selon laquelle les Hébreux auraient assassiné Moïse et auraient ensuite refoulé le souvenir de ce meurtre. Il en résulterait un conflit oedipien sans fin : les fils seraient voués à assassiner les pères, et les pères à faire retour [retour du refoulé] sur le mode du Père tout-puissant (monothéisme). Cette confrontation se poursuivrait dans la tradition biblique : entre Dieu [le père] et Israël [les fils], l'écart resterait irréductible.

Mais Malachie [le dernier des prophètes} est porteur d'un autre espoir. Et si, dans ce monde, il y avait encore la possibilité d'une résolution du conflit oedipien? Et si l'on pouvait encore espérer une réparation?

Freud, toujours pessimiste, déclarait ne pas y croire. Ce manque d'espoir aurait pu l'éloigner de la judéité (car la judéité, par essence, est une ouverture de l'avenir, une croyance en l'avenir). Mais finalement, toujours selon Yerushalmi, il n'en est rien. Avec son livre sur Moïse, Freud a obéi à l'injonction de son père Jakob. Peut-être, entre les lignes de cette réconciliation virtuelle, le prophète Elie (précurseur du Messie) est-il venu.

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CITATION COMPLETE :

Souvenez-vous de la loi de Moïse, mon serviteur, à qui j'ai signifié, sur le Horeb, des statuts et des ordonnances pour tout Israël. Or, je vous enverrai Elie, le prophète, avant qu'arrive le jour grand et redoutable! Lui ramènera le coeur des pères à leurs enfants, et le coeur des enfants à leurs pères, de peur que je n'intervienne et ne frappe ce pays d'anathème (Malachie 3:22-24) (Traduction du rabbinat français).