Quand il analyse le délire d'Hanold dans la Gradiva de Jensen, ou quand il distingue la vérité "historique" du personnage de Moïse (la trace ou la marque qu'il laisse dans l'inconscient du peuple juif) de sa vérité "matérielle", Freud croit à un certain type de vérité : une vérité partielle, un morceau de vérité qui fait retour à travers ces revenants, ces spectres. Il y a pour lui une vérité de la folie comme il y a une vérité de la hantise, mais elle est refoulée, réprimée. Elle résiste de manière inexplicable, irréductible.

Un spécialiste ou universitaire quelconque ("scholar") n'avouera jamais qu'il ose parler aux fantômes. Mais Freud a osé, et après lui Yerushalmi (dans son monologue avec Freud). Ce qu'ils visent est un nouveau concept de vérité (p67), un concept dont l'inconscient est porteur, qui relève plus de l'archive que de la démonstration et que la philosophie a du mal à penser, car on ne la dit pas, cette vérité [car les spectres ne répondent plus], on la fait (p95), en passant par des substituts, des prothèses, des récits, des fictions.

Un symptôme, un reste d'enfance ou de religion, fait son apparition. Chacun a le sien (ou les siens) et y obéit, comme à un fantôme réel, indéniable.