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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Le corpus derridien : ce qui ne répond pas | Le corpus derridien : ce qui ne répond pas | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, performativité inouïe | Derrida, performativité inouïe | |||||||||||||||
Pierre Delain - "Pour une uvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 25 juillet 2011 | Oeuvres : répondre de l'unique | [Ce qui nous interpelle dans le corpus derridien, c'est ce qui ne répond pas] |
Oeuvres : répondre de l'unique | ||||||||||||||
Orlolivre : À Derrida, comment ne pas répondre ? | Orlolivre : À Derrida, comment ne pas répondre ? | ||||||||||||||||
Une signature à entendre au bord du corpus | Une signature à entendre au bord du corpus | ||||||||||||||||
1. Singularité de l'autre, arrêt, obstacle. En principe, il faudrait que les écrits de Jacques Derrida, quel que soit leur thème, s'adressent en priorité à la singularité de l'autre. Ce serait en tous cas l'éthique même, telle qu'elle est mentionnée dans certains textes. Ce principe vaudrait pour la justice, le don, le pardon, l'hospitalité, etc., et aussi pour l'oeuvrance. Chaque fois que la déconstruction serait engagée, une oeuvre digne de ce nom, qu'elle soit graphique, philosophique ou poétique, répondrait à ce principe. Mais cette singularité inconnue, indéchiffrable, on ne la rencontre pas seulement dans autrui, on la rencontre aussi en soi, dans son oeuvre même. La rencontre du poème, sa poignée de main, si elle a lieu, arrive entre deux schibboleths dont aucun n'est décryptable, déchiffrable au présent, et dont aucun ne doit l'être, c'est l'éthique même. Elle se heurte à une double limite qui doit, inconditionnellement, rester secrète : celle de l'autre en soi, et celle de l'autre en l'autre. Dans l'oeuvre derridienne, cela se traduit par une singulière prise en compte du corps.
2. Le corps, circoncision. "D'une part le mot sublime et sublime signifiant à la fois ce qui se trouve justement au-dessus et près du ciel, et en mm tps le lieu d'une sorte de sublimation vers lequel je montais ou montaient tous mes rêves d'écriture, et dans lequel en effet j'ai accumulé pendant des décennies des matériaux, des textes, des documents en vue de ce grand livre sur la circoncision dont j'ai su dès le départ que je ne l'écrirais pas, en tous cas que je ne pourrai pas mesurer un texte satisfaisant, pour des raisons contingentes sans doute mais aussi nécessaires. Le projet était si illimité d'une part que il aurait fallu écrire un livre plus grand que le sublime lui-même, c'est-à-dire en 200 volumes, et d'autre part, et ça c'est la raison non contingente, parce que c'était comme un livre sur l'ombilic de mes rêves, cad un livre qui aurait non seulement touché à la racine de l'inconscient, mais l'aurait en quelque sorte exhibé, retourné, dans un mouvement de vérité dont je savais dès le départ que en raison de la circoncision elle-mm, de cette marque inconsciente qui est faite pour rester plus forte que toutes les prises de conscience, jamais je ne pourrais, et même je ne devrais, l'exhiber au grand jour. Donc je savais dès le départ que c'était un projet qui courait à l'échec et dont je ne laisserais en quelque sorte que une sorte de ruine ou d'archive dispersée, ou de signal, de lueur qui de loin annoncerait ce que j'aurais pu vouloir faire si, etc etc, si...." (Transcription de D'ailleurs Derrida, à partir de 36'06). Sur la circoncision, cf : [Derrida, la circoncision]. L'oeuvre est datée, signée, faite pour être lue, mais écrite de façon à garder le secret. De quoi? Quel secret? Dans les langues latines, le secret, c'est la séparation (secernere). S'il faut garder le secret, le silence, s'il faut préserver un espace privé, un corps où le secret n'est pas partagé, c'est parce que, sans lui, il n'y aurait plus d'autre, et sans autre, il n'y aurait plus de possibilité de rencontre ni d'événement. On ne connait pas le lieu où le secret est scellé. Il reste énigmatique, indéchiffrable, inviolable. Ce secret insu, Jacques Derrida en a hérité, comme nous en héritons tous, d'une autre génération. Il le garde, à sa façon unique, sans savoir l'interpréter.
3. La logique du talith. cf : [Derrida, le talith].
4. Un coup de pied dans la philosophie. A propos d'Antonin Artaud in Artaud le Moma (conférence de 1996 publiée en français en 2002), Jacques Derrida développe la problématique du "coup". S'il s'est autant soucié d'Artaud, c'est peut-être parce que son oeuvre à lui (Derrida) est porteuse de la même ambiguité. Chacun de ses textes est un acte de jeu, un coup (de pied) dans la fourmilière de la philosophie. Ce coup n'est pas jeté au hasard. Il est rigoureusement calculé, et pourtant ses effets sont imprévisibles (incalculables). On peut en dire autant (1) du concept d'oeuvre, (2) du corpus derridien en tant qu'il ne cesse de s'auto-affecter, de s'auto-détruire, (3) des difficultés de lecture ou des attaques des universitaires qui ont cherché à l'exclure ou à l'expulser hors du champ académique (mais notons que, au final, ils n'y sont pas parvenus). Chaque fois, c'est une chirurgie qui s'applique, une chirurgie nécessaire mais non maîtrisée. Le cas de Glas est à cet égard typique : voulu et vécu comme une effraction dans la philosophie, une mutation monstrueuse, il n'est souvent lu que comme une juxtaposition de textes philosophiques. Mais cette lecture est mutilante car, comme dans Circonfession, l'écriture derridienne n'est pas dépourvue d'affect. Par son style et sa thématique, elle réintroduit le corps dans le texte même.
5. Un serment d'encryptage. Les raisons pour lesquelles il écrit doivent rester obscures, encryptées. S'il les connaissait, ce serait une trahison, un parjure. Il fait un serment : laisser indéchiffré le cryptogramme - ou l'oublier, comme il a oublié pourquoi il avait choisi le chiffre 52 dans La Carte postale, - ou l'omettre comme il a omis une certaine strophe dans son analyse d'un poème de Paul Celan, Aschenglorie, qui l'invitait à jeter un regard sur des dés jetés avant et devant lui, trop terribles, peut-être. Ce secret, dans sa logique aporétique, ne cesse de se manifester dans sa non-manifestation.
6. Le corpus et le corps. L'"oeuvre" de Jacques Derrida, c'est quoi? Plus de 80 livres, presque 50 années de cours, une correspondance classée dans 300 boîtes d'archives, d'innombrables interventions, toute une vie, sans parler de son contexte... Comment faut-il désigner cela? On peut parler d'"oeuvre", ou encore de "corpus". Un corpus, selon le TLF, est un recueil réunissant ou se proposant de réunir, en vue de leur étude scientifique, la totalité des documents disponibles d'un genre donné, par exemple épigraphiques, littéraires, etc. Pas question, dans le cas qui nous occupe, de disposer de la totalité du corpus, et pas question non plus d'en faire l'étude scientifique. Il ne nous revient pas de conserver, de garder sain et sauf ce corpus (d'autres s'en chargent). Tout ce que nous pouvons faire, c'est considérer l'effet produit par l'un ou l'autre de ses fragments, c'est voyager avec lui, laisser agir en nous l'ébranlement qu'il déclenche. Le lire, c'est le contresigner, comme lui-même contresignait l'oeuvre de l'autre, et cette contresignature ne peut être que singulière. C'est inscrire ses mots, ses exigences, dans son corps à soi, dans sa langue, dans son histoire, dans son rapport à l'institution.
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-------------- Propositions -------------- -Ecrire ou publier, c'est voyager avec un inconnu, partager avec lui le secret le plus sacré - comme s'il était possible de partager l'instant de sa naissance ou de sa mort -Inventer une écriture, c'est créer, dans chaque situation, la loi d'un événement singulier -Ce qui se passe dans "Glas", c'est que le texte se met à produire son propre langage, qui émerge comme une mutation monstrueuse, sans tradition ni précédent normatif -La déconstruction se distingue d'une analyse ou d'une critique en ce qu'elle touche à des structures, des institutions et pas seulement à des discours et des représentations -Dans le poème ou dans l'oeuvre, l'impossibilité du témoignage se manifeste comme telle, en tant que non-manifestation, au lieu où l'on doit continuer d'en appeler à ce témoignage -Toute oeuvre ou écriture est un crime, un parjure - car, pour être lisible, elle perd le secret, trahit la singularité du destinataire -[Jacques Derrida] voulait, avant tout, faire un livre, pour [52] raisons qui restent secrètes, obscures, encryptées - détruites -L'écriture performative de Jacques Derrida, qui transforme l'usage et le sens des mots, n'est jamais dépourvue d'affect -En faisant disparaître toute détermination d'un visage ou d'un "moi" qui dit "je", le corps enseignant (anonyme) efface le corps socio-politique qu'il représente -[Pour jouir de l'oeuvre de l'autre, il faut être fidèle à ce qui arrive, en contresigner l'événement] -Que fait la déconstruction? Pour exorciser la mauvaise image du père, elle voyage dans la culture académique, elle l'ébranle par une violente commotion -[Derrida, la circoncision] -[Derrida, le talith] -[Quand, de la chrysalide d'un ver à soie, émerge un autre vivant, alors tombe le verdict, pire que la mort et valant plus que la vie même : l'oeuvre est abandonnée] -[Par son oeuvre, Jacques Derrida déclare : "Voici mon talith", "Me voici l'homme au talith"; il fait du texte signé de son nom un talith] -[La Cabale cachée de Jacques Derrida] |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Delain ArchiOeuvreCorpus AA.BBB OeuvreConceptGD.LDD FilOrloeuvreY.DC.ICG DILParcoursAH.LKD PlanConceptOeuvreNG.LDF LG_ArchiOeuvreCorpus Rang = QarchiOeuvrecorpusGenre = MK - CIT |
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