Daubigny et les autres peintres de Barbizon étaient fascinés par la photographie. Sans doute la considéraient-ils, comme leur contemporain Daguerre, comme l'autoreprésentation ou la révélation de la nature par elle-même. Mais si l'on juge de cette autoreprésentation par les photos issues du calotype [procédé qui permet d'obtenir un négatif papier direct], les contrastes y sont plus accentués que ceux de la peinture traditionnelle, mais aussi plus imprécis et dépourvus de profondeur. Par ailleurs le tirage du calotype révèle la texture fibreuse (répétitive) du papier. Or si l'on observe une peinture de Daubigny, à l'époque où celui-ci peignait sur le motif en compagnie de Monet (dans les années 1860), on trouve les mêmes contrastes avec de larges plages de lumière et d'obscurité et peu d'articulation. L'image semble morcelée, inachevée, incohérente. Les transitions entre le sombre et le clair sont inhabituelles, le dessin est désarticulé.

D'où vient la ressemblance entre les calotypes (par exemple la grange ci-dessus, photographiée par William Henry Fox Talbot vers 1850), et les peintures de Daubigny (comme celle-ci)? On peut douter que Daubigny ait volontairement rejeté les conventions traditionnelles de l'unité du tableau. Il a plutôt subi l'influence visuelle des calotypes.