Au début des années 1910, Marcel Duchamp a été influencé par le cubisme, comme tous les jeunes de sa génération. Mais il a rompu dès 1912 avec cette pratique, pour s'orienter vers un réalisme fortement influencé par la photographie. Son célèbre Nu descendant un escalier renvoie aux travaux de chronophotographie de Jules-Etienne Marey, et dans les années qui suivent, il a signé plusieurs travaux photographiques. L'oeuvre capitale de l'artiste, celle qui fonctionne comme une sorte de machine théorique génératrice de ses activités ultérieures, la Mariée mise à nu par les célibataires, même, (1915-1923) (ou Grand Verre) peut aussi être considérée comme une grande et complexe photographie sur verre. Cette oeuvre énigmatique, indéchiffrable sans l'aide d'une grande masse de légendes et de commentaires, renvoie au mutisme du signe indiciel, et non pas à l'iconographie picturale à laquelle Picasso est resté fidèle jusqu'au bout. Elle fonctionne comme un autoportrait énigmatique (la trace de la personne de l'auteur). Les readymades, eux aussi, sont chacun la trace d'un événement particulier devenu inaccessible ou intouchable. Une oeuvre comme Tu m' - qui cite des readymades - peut être considérée comme une trace de trace.

Mais que se passerait-il si l'on ne disait plus rien de ces objets? Si l'on ne pouvait plus articuler un seul mot à leur propos, comme Duchamp le suggère en moulant sa propre joue? Hors discours, dans la pureté de l'indice, il n'y aurait plus d'oeuvre.

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Propositions

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