Pour qu'une photographie soit surréaliste, il faut qu'elle soit artificielle. Même quand aucun procédé comme la surimpression, la solarisation ou la double exposition n'a été utilisé, elle fuit le naturel. Il faut que l'objet soit transformé, que son image procède d'un déplacement ou d'une substitution qui le fasse apparaître comme fétiche, et c'est cette fétichisation qui fait scandale. De même que la mode transpose les organes sexuels dans un autre registre (celui de l'accessoire vestimentaire), la photographie surréaliste transpose la différence sexuelle en une multiplicité de signes ambigus ou réversibles qui font craindre son effondrement. Freud explique qu'un fétiche est un substitut du phallus maternel. Plutôt que de renoncer à sa croyance [selon laquelle ce phallus existe vraiment], le sujet [enfant, pervers ou voyeur] restera en arrêt devant lui. On retrouve cet arrêt dans la photographie surréaliste - où le corps féminin occupe une place privilégiée.

En un instant, le regard est immobilisé, un réel - tissé de fantasmes, de représentations et de répétitions - est fabriqué.