L'un des présupposés courants du féminisme est qu'il existe une catégorie "femme" suffisamment stable pour qu'une identité "féminine" unique puisse se construire à partir d'elle. Mais ce sujet-femme, partie prenante au contrat social de la pensée libérale, existe-t-il avant les structures de domination qui le déterminent? On peut en douter. Le genre dépend des différents contextes historiques dans lequel il est produit, et même des notions comme la domination masculine ou le patriarcat ne peuvent pas être considérés comme des principes universels. Si le dénominateur commun aux femmes n'est pas l'oppression qu'elles subissent, quel est-il? Y a-t-il des cultures spécifiquement féminines, reconnaissables et distinctes du masculin? Selon Judith Butler, on ne peut pas dissocier le féminin de son contexte (rapports de classe, de race et d'ethnicité, autres axes de pouvoir). Certes, il est inévitable de partir du cadre établi [une notion générale telle que "femme"] pour développer une politique de représentation - mais il faut la soumettre à une critique des catégories de l'identité naturalisées et stabilisées par les structures juridiques contemporaines.