- Bibliographie d'Arthur Danto.
La formation universitaire d'Arthur Danto est philosophique; mais il se trouve qu'avant d'avoir été philosophe, il a été peintre - ce qui explique sans doute sa préoccupation jamais démentie pour la question de l'art. Que s'est-il passé au 20ème siècle, et l'art y survivra-t-il? Prétendre répondre à cela suppose une série de jugements sur l'essence de l'art, sa place, sa fonction et son devenir. Malgré les nombreuses digressions dont il émaille son style argumentaire, ses réponses sont claires : il ne faut surtout pas confondre l'art et l'esthétique, car son essence, à laquelle il n'échappera pas finalement, est philosophique. Chaque oeuvre a un contenu, mais ce n'est pas ce qui la définit. Pour accéder au statut d'oeuvre d'art, il faut qu'elle soit transfigurée par une interprétation.
Pour caractériser cette transfiguration, Danto ne cesse de revenir à un exemple type. Soient deux objets indiscernables, dont l'un est quelconque et l'autre une oeuvre d'art (par exemple un urinoir banal et un urinoir signé Mutt, c'est-à-dire Marcel Duchamp), comment se fait-il que nous réagissions différemment face à l'un et à l'autre? Le statut de l'un ou l'autre objet ne dépend pas de nos perceptions, mais de ce qu'exprime l'oeuvre, par la métaphore, le style ou la rhétorique; et cela dépend autant des conditions de sa création, de son signataire et de son statut que de son support matériel. L'oeuvre d'art est en excès sur l'objet matériel (le contenu). Elle met en avant une idée, nous incite à penser, nous perturbe, etc... Mais tout en étant l'effet d'une pensée, elle peut susciter une certaine forme de beauté, que Danto qualifie d'interne.
Depuis les années 1960, avec le Pop Art, tout est devenu possible. N'importe quoi peut être interprété comme oeuvre d'art. C'est ce qu'on appelle les arts visuels, qui sont multiples, éclatés, et ne peuvent être ordonnés par aucun grand récit.
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