Depuis deux siècles, le modèle européen d'université s'est imposé. Dans les Etats démocratiques, il est devenu prévalent partout, classique. Chaque chercheur a le droit de dire publiquement ce qu'exige sa recherche, en ne se référant à rien d'autre qu'à une pensée de la vérité. Sans doute cette valeur de vérité est-elle énigmatique et pose-t-elle de redoutables problèmes, mais c'est à l'intérieur même de l'université qu'elle se discute. C'est la profession de foi des universitaires.

L'université moderne se réfère à la tradition des Lumières, celle des "Humanités" et du concept de l'homme. La mondialisation d'aujourd'hui, avec ses droits de l'homme, se règle sur cet horizon. A l'intérieur de l'université, il faut dire publiquement tout ce qu'on croit vrai, sans tenir compte ni des frontières nationales, ni d'aucune limitation externe. Il faut réaffirmer sans cesse cette immunité absolue [ou quasi-absolue], la professer sans cesse, par le travail en acte et par des événements, comme si son dedans était inviolable.

Pour que puisse s'exercer ce droit inconditionnel à poser des questions critiques, y compris sur l'humanisme et y compris sur la critique elle-même, les universitaires sont conduits à réélaborer un "nouveau" concept de l'homme, de "nouvelles" humanités. Cette tâche passe par des oeuvres singulières, qui ne sont pas sans effet sur la valeur de vérité.

Photo prise à l'université de Düsseldorf.