Une mutation majeure affecte le travail universitaire. Ses territoires, ses frontières, ses lieux de discussion, de communication et d'archivage, tout cela change radicalement. Une structure absolument nouvelle se met en place. L'arrivée d'un cyberespace mondial (numérisation, lisibilité immédiate, télétravail), délocalisé, est un événement qui affecte la démocratie, mais aussi l'expérience du lieu et celle de l'avoir-lieu. La topologie de l'université, avec ses champs, ses territoires et ses campus, en est bouleversée.

Cette mutation, quantitative et conceptuelle, qui oblige à repenser le possible, l'impossible, le virtuel, et les Humanités en général, affecte l'essence même de l'université. On ne peut plus se contenter d'accumuler des connaissances. Le statut du professeur change (à moins qu'il n'ait jamais été conforme aux définitions académiques). Il doit témoigner de son savoir, engager sa responsabilité, affirmer la valeur performative de sa "profession" - qui est toujours, aussi, une profession de foi, et le déclarer publiquement.