Un performatif au sens de John L. Austin ou d'Emile Benveniste est un événement ponctuel, unique. Pour qu'il réussisse, il faut une énonciation (acte de parole), une profération conventionnelle (du type "La séance est ouverte") codée, reconnue, émise dans un contexte déterminé qui la rend légitime. Dans l'événement au sens derridien, il n'y a ni pouvoir, ni autorité. Ce qui arrive n'était jusqu'alors pas considéré comme possible. Rien ne l'annonçait. Et pourtant, dit-il, la force de cet événement-là "est toujours plus forte que la force d'un performatif". Pourquoi? Ce n'est pas le locuteur qui a décidé, c'est l'autre, le tout autre. Le locuteur a abandonné toute maîtrise, il s'est laissé déborder par un peut-être dont il n'avait aucune expérience. Et si cette chose impossible arrivait? Peut-être, elle peut arriver, au-delà de la limite performative, au-delà de tout contexte prévisible.