Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Une oeuvre sans autorité                     Une oeuvre sans autorité
Sources (*) : L'oeuvre, au - delà du performatif               L'oeuvre, au - delà du performatif
Jacques Derrida - "Avec Safaa Fathy : Tourner les mots; Au bord d'un film", Ed : Galilée - Arte Ed, 2000, p15 (CinéAnalyse) : en affirmant inconditionnellement l'oeuvre

[Rien, dans l'oeuvre performative, ne fait autorité : ni la Vérité, ni la Réalité, ni la libre Souveraineté d'une Fiction]

(CinéAnalyse) : en affirmant inconditionnellement l'oeuvre
   
   
   
Derrida, vérité Derrida, vérité
Promettre une vérité, c'est ce qui "fait oeuvre"               Promettre une vérité, c'est ce qui "fait oeuvre"    
La pensée derridienne : ce qui s'en restitue                     La pensée derridienne : ce qui s'en restitue    

1. L'archi-Viens.

On peut, dans le discours courant, dire "Viens" à quelqu'un. C'est une injonction, un ordre, un acte d'autorité auquel il peut, ou non, répondre. Mais selon Derrida, ce "Viens" qui se dit au présent, dans une certaine situation, répète un autre "Viens" auquel il aura fallu acquiescer avant même l'ordre du langage, c'est-à-dire avant qu'aucune autorité, loi ou hiérarchie n'ait été instituée. Ce "Viens"-là n'a pas disparu, il n'a pas été oublié. Quoique toujours et encore soustrait à l'ordre du langage, il se réitère à chaque parole, à l'occasion de chaque nouveau "Viens" du discours.

 

2. Un film où rien ne ferait autorité.

Jacques Derrida et Safaa Fathy évoquent un documentaire consacré à Jacques Derrida, D'ailleurs, Derrida. La réalisatrice et lui ont cherché à faire un film sans autorité. Ont-ils réussi? C'est à chaque spectateur d'en décider - [bien qu'on puisse douter que la parole de Jacques Derrida, qui après tout était quand même un professeur célèbre et adulé, soit aussi radicalement sans autorité]. Si l'on en vient au texte qui commente ce film, Tourner les mots, au bord d'un film, alors on peut dire avec moins de risque d'erreur que les auteurs ont cherché à définir un concept, celui d'une oeuvre où rien ne ferait autorité, [que le scripteur a choisi de désigner sous le nom oeuvre performative - syntagme que Derrida utilise [au moins une fois, in L'Université sans condition, p33]. Dans un film, la parole ne serait pas calculée, elle serait improvisée. Il n'y aurait ni modèle, ni carte. L'acteur ne serait pas [ou pas seulement] filmé : il filmerait, lui aussi, il serait filmant. Il ne serait pas assujetti à un point de vue, une perspective, ni à aucune limite préétablie : car une telle perspective, elle aussi, aurait lieu, elle arriverait de manière imprévisible pour tous, le réalisateur, les témoins, les spectateurs et l'acteur. Certes Derrida ne croit pas vraiment que ce documentaire-là réponde à ces conditions, il n'a pas cette naïveté, et d'ailleurs il reconnaît qu'il a accepté les consignes du réalisateur [son point de vue, son professionnalisme]. Il insiste même sur le fait que l'image, nécessairement, est source d'autorité. Il saisit néammoins l'occasion pour préciser ce qu'il cherche, un concept. Et même si, en général, sa parole n'est pas aussi improvisée qu'il le dit, cette recherche, elle, elle a lieu, elle est ce qui a lieu dans le commentaire cosigné par le réalisateur et l'acteur.

 

3. Le risque.

Le risque d'une oeuvre qui ne ferait autorité en aucune façon, ne ferait appel ni à la vérité, ni à la réalité, ni à la souveraineté, ce serait celui de la folie : ce que Michel Foucault appelle l'absence d'oeuvre. Mais il n'est pas d'oeuvre digne de ce nom sans le risque d'un tel désoeuvrement.

 

 

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Propositions

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Un "Viens" chaque fois unique, éternellement répété, se soustrait à l'ordre du langage, il s'affirme sans procéder d'aucune autorité, aucune loi, aucune hiérarchie

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Entre l'écriture cinématographique, qui est nécessairement calculée, et la parole venue à l'improviste, il y a intraduisibilité

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Un film où l'on ne tourne pas que des images, mais aussi des mots improvisés, traverse et excède le discours cinématographique

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Dans un film structuré selon la nécessité et la loi de l'image, l'iconique a autorité sur le verbal

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La folie, cette "absence d'oeuvre", est la part de silence irréductible contre laquelle le langage peut surgir - et il ne peut surgir, par essence, que contre elle

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