A partir de cette citation de Merleau-Ponty (Phénoménologie de la perception, p175), Guy-Félix Duportail fait observer que "Je ne puis m'arracher de mon corps pour l'observer de l'extérieur, à la manière d'un objet externe, plongé dans l'espace environnemental". C'est une butée structurelle indépassable : "Mon point de vue est irréductiblement intrinsèque à la spatialité de mon corps". Le sujet est sujet au corps, aussi passif qu'actif. Il s'identifie au corps vivant, sans position de surplomb possible. Dans son exploration du monde, son activité centrale est la perception. Le corps percevant est orienté, engagé dans des activités et des projets. Le sens qu'il donne au monde coïncide avec la motricité et les puissance du corps; il est unifié au corps comme puissance d'agir et de voir. Le corps hante l'espace habité (ses lieux, ses directions, ses frontières, ses lignes de force, ses perspectives, ses mouvements). Il est "à" l'espace et non pas "dans" l'espace. J'y ai mes habitudes. Enveloppé par mon mouvement, il signifie sans être ni pensé, ni représenté.

Les parties de mon corps ne sont pas juxtaposées les unes à côté des autres. Elles sont imbriquées les unes dans les autres, dans une structure interne dont la subjectivité incarnée est inséparable (p95), une spatialité qui se confond avec l'être du corps.

Le corps de chair est noué de l'intérieur au monde et aux autres, sur un mode topologique.