La question du secret a toujours croisé la question politique, mais elle le fait aujourd'hui de manière singulière. Au viol du secret par les moyens policiers, par la torture ou le totalitarisme, s'ajoutent des formes plus douces : la technique, l'informatique, la collecte, la mise en ordre et la mise à disposition publique de l'archive. Tandis que la frontière entre public et privé ne cesse de se déplacer, les moyens d'enregistrement s'élargissent sans limite. On peut archiver "tout et n'importe quoi" - et les archivistes eux-mêmes ne savent plus où s'arrêter. C'est une question de responsabilité civique, qui se pose sur un plan politique (archives nationales et internationales), professionnel (le médecin et l'avocat) et de façon encore plus abyssale pour le psychanalyste [car pour le psychanalyste, la question du secret n'est pas seulement d'ordre professionnel, elle touche à la délimitation entre conscient et inconscient, ce qui n'est pas sans incidence dans l'histoire de la psychanalyse].