Sur certaines chaînes de télévision, la pratique de la caméra cachée est fréquente - y compris dans les émissions d'information les plus courantes. Cacher la caméra, ce n'est pas seulement la dissimuler, c'est assigner au spectateur une place, celle de l'espion. Même s'il n'a ni la volonté ni l'impression de se poser en voyeur, il se retrouve guetteur, surveillant, soumis à un dispositif social qui ne dit pas son nom.

Le cinéma est incompatible avec la caméra cachée. L'image n'y est pas produite par un capteur, mais par une équipe. Une relation intersubjective s'instaure entre la caméra (machine filmante), des corps filmants et des corps filmés. Ainsi le cinéma ne s'affirme-t-il pas dans sa toute-puissance. Il est limité, creusé par des manques.

Le dispositif audiovisuel de la caméra cachée ne relève pas du cinéma, mais du système médiatique : il repose sur une surenchère de visibilité.