Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le don                     Derrida, le don
Sources (*) : Derrida, plaisir, jouissance               Derrida, plaisir, jouissance
Jacques Derrida - "Donner le temps. I. La fausse monnaie", Ed : Galilée, 1991, pp185-6

 

Tete d'un clochard (Laszlo Mednyanszky, 1896) -

Derrida, auto - affection

Donner par surprise à l'autre, tel est le plus grand plaisir qu'on puisse se donner, celui qui fait surgir le nouveau au plus proche de la cause de soi, de l'auto-affection

Derrida, auto - affection
   
   
   
               
                       

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Jacques Derrida commente un passage de "La fausse monnaie" de Baudelaire, où l'ami du narrateur donne à un pauvre une pièce de grande valeur, mais fausse : L'offrande de mon ami fut beaucoup plus considérable que la mienne, et je lui dis : Vous avez raison; après le plaisir d'être étonné, il n'en est pas de plus grand qui celui de causer une surprise. La survenue de l'événement, du nouveau, de l'inanticipable, voilà qui causerait le plus grand plaisir, d'abord pour soi-même, et ensuite pour l'autre. Ce plaisir pourrait être comparé aux jouissances les plus enivrantes (pour Baudelaire), celles qui sont causées par le tabac ou la drogue.

Le plus grand plaisir, dit le narrateur, c'est de causer à l'autre une surprise - ce mot étant pris au sens fort d'événement inanticipable, sans cause prévisible, de survenue du nouveau. D'où vient ce plaisir surprenant, imprévisible? D'une auto-affection dit Derrida. Quand je donne à l'autre sans que l'autre n'y soit pour rien, je me donne. Devant un autre sans défense, ouvert, je brise le cercle de la répétition, et c'est cette brisure, qui est aussi une violence, qui déclenche le plaisir. L'autre ne lâche ses protections que dans une situation qu'il ne connaît pas, une situation qui, en pratique, n'arrive jamais, car l'auto-affection n'est jamais pure. L'autre ne se laisse pas surprendre. Qu'il accepte le don ou qu'il le refuse, il revient dans le cercle, il se laisse emprisonner, empoisonner, il s'engage dans un procès de circulation ou d'endettement qui interrompt le don.

Ce visage de clochard stupéfait a été peint en 1896 par le peintre hongrois László Mednyánszky, une trentaine d'années après la publication posthume du Spleen de Paris.

 

 

En principe, le don pur ne devrait rien donner qui soit présent, il ne devrait en rester aucune substance. Il devrait être oublié à l'instant même du don. Si c'était le cas, il n'apparaîtrait pas, il ne pourrait pas surprendre. Telle est son ambivalence, sa structure paradoxale.

 


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