Devant les scandales dont, chaque jour, nous sommes les témoins, les violences, les guerres, les viols, la misère, la famine, les maladies, l'inégalité, nous pouvons marquer notre désapprobation, mais nous continuons à vivre. Nous constatons la violation constante des principes auxquels nous croyons, mais cela ne nous empêche pas d'habiter dans ce monde. On peut même aller plus et dire que, pour habiter dans le monde, il faut que nous consentions à ces violences par accord tacite, par négligence, par résignation ou pour quelque autre raison. Ces failles ou faillites des principes sont incontournables, et même si aucune bonne conscience n'accompagne ce consentement, il est irréductible.

Il arrive encore pire : que des gens aillent au-delà de l'acceptation et participent directement, de droit et non plus seulement de fait, à cette violation des relations morales et politiques. Soutenus (ou non) par les autorités, ils deviennent des bourreaux. Ils ne se limitent pas à suspendre la responsabilité à l'égard d'autrui, ils la bafouent au nom de leur conception de la vérité, de la liberté et de la justice.