Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 
   
Nicolas Abraham                     Nicolas Abraham
             

 

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Page créée le 28 novembre 2012.

[A partir de Nicolas Abraham (1919-1975)]

   
   
   
                 
                       

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- Bibliographie.

 

Né en Hongrie d'un père rabbin et imprimeur, ancien étudiant de yeshiva lui-même, il a émigré en France en 1938. Il y a poursuivi des études de philosophie et d'esthétique, y est devenu psychanalyste, y a produit une oeuvre extrêmement originale alliant phénoménologie et psychanalyse, autour de ses concepts d'introjection, de crypte de fantôme, qu'il développera en se faisait l'héritier de la psychanalyse hongroise, de Sandor Ferenczy à Imre Herman, en collaboration très étroite avec son épouse Maria Török (qu'on écrit le plus souvent en graphie française Maria Torok).

Son histoire personnelle est particulièrement tragique et complexe. Marié une première fois avec Etma Friszman qui passera de longues périodes en hopital psychiatrique, ayant perdu presque toute sa famille dans la Shoah, il se remariera avec Maria Torok (1925-1998), avec lequel il publiera plusieurs livres (voir ici le récit de leur relation). L'un de ses fils se suicidera, tandis que son neveu et exécuteur testamentaire, Nicholas Rand, avec lequel certains de ses livres ont été écrits, épousera Maria Torok en 1990. On se demande s'il convient de rapprocher cette structure familiale complexe d'un de ses thèmes de prédilection, le secret de famille. En tous cas le fait qu'il ait tenté d'analyser son fils, peu avant son suicide, lui sera reproché avec véhémence et contribuera peut-être pour une part à sa mise à l'écart des institutions psychanalytiques, qui l'affectera profondément et ne sera pas sans conséquence sur son décès, intervenu en 1975 à la suite d'une intervention chirurgicale à coeur ouvert.

On peut analyser sa théorie sous deux angles qui, en tout état de cause font de lui un cas particulier de la psychalyse française : (1) il est l'héritier et l'introducteur en France de la variante hongroise de la psychanalyse (2) il y a eu entre le couple Abraham-Torok et Jacques Derrida une profonde influence réciproque, de sorte que certains de leurs concepts comme crypte ou fantôme peuvent difficilement être interprétés en-dehors de cette postérité. Mais il y a aussi d'autres héritiers, comme Claude Nachin par exemple, avec sa clinique intergénérationnelle et transgénérationnelle.

Selon Nicolas Abraham, la psychanalyse doit commencer par résoudre un problème qui peut sembler insoluble. Avec des concepts comme, par exemple, inconscient, pulsion, libido, elle désire avoir accès à des lieux inaccessibles. Mais il faut pour cela les traduire dans une autre langue, incomparable à aucune autre, celle des concepts anasémiques. Dans cette langue, les processus visés n'apparaissent pas comme des phénomènes, ils n'ont aucun sens dans le langage courant. Et pourtant ils sont incoutournables. Toute pratique analytique est une recherche du désir anasémique, bien qu'elle ne puisse accéder qu'à son fantôme. Cette démarche implique une brisure, un nouveau rapport entre psychanalyse et phénoménologie.

Selon Nicolas Abraham et Maria Torok, l'introjection primordiale de l'objet est à l'origine du langage et de la culpabilité. C'est un processus d'auto-affection à partir duquel se produisent les désirs, les contre-désirs et les symboles qui en sont la conséquence.

Dans certains cas, l'introjection réussit, ce qui permet le déploiement des fantasmes sans dépendance objectale. Mais dans d'autres cas - à cause d'un trauma personnel ou d'un secret de famille dissimulé dans une crypte -, l'introjection échoue. Le sujet doit coexister avec un objet inaccessible et étranger.

Propositions (les têtes de parcours sont entre crochets)

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[La psychanalyse tente l'impossible : saisir, par des concepts anasémiques, la source même dont le langage émane]

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[Depuis l'inconscient, un fantôme inconnu exerce sa hantise : souvenir enfoui dans une crypte, secret inavouable, il transmet un savoir insu, refoulé, une nescience]

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[Avec l'introjection primordiale de l'objet, qui s'auto-affecte à l'intérieur de soi, adviennent la duplicité, le langage et la culpabilité]

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[Dans sa forme originaire, un symbole - comme une oeuvre - résulte des conflits inconscients, singuliers, d'un sujet]

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[Tandis que l'introjection des pulsions met fin à la dépendance objectale, l'incorporation de l'objet entretient cette dépendance, sous la garde de l'Imago interdictrice]

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L'affect est une tension anticipatrice qui se regénère sans cesse, par identification à l'autre introjecté

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La structure anasémique appelle un récit mythique, poétique : celui d'un événement pré-originaire qui, sans avoir été, aurait eu lieu

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Pour surmonter l'angoisse originaire - cette impossibilité d'être -, l'Archi-ego figure en lui ce qu'il n'est pas (l'autre); le symbole maintient ce clivage et réitère indéfiniment l'altérité

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Quand la bouche ne peut pas articuler certains mots, alors y vient l'innommable, la chose même ou l'Imago fantasmatique qui en est dépositaire

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Une crypte au sein du Moi le fissure, dans la crypte un symbole clivé, fétichisé, produit du sens et autre chose (allosème, anasème)

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Pour le sujet cryptophore, la Réalité est ce qui est refusé, masqué, dénié; c'est le lieu où, dans l'appareil psychique, le secret est enfoui

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On peut comparer le geste de la psychanalyse à une figure étrange, double, abyssale, dissymétrique et anasémique : l'"écorce-et-le-noyau"

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Le fantasme est d'essence narcissique : il tend à maintenir, en secret, le statu quo topique

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Un fantôme objective le travail produit, dans l'inconscient, par les lacunes que laissent en nous les secrets des autres

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Il faut rigoureusement distinguer (1) l'étranger incorporé dans la crypte du moi (2) le fantôme qui vient hanter depuis l'inconscient d'un autre

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Une Imago fonctionne toujours comme interdictrice d'un désir sexuel; elle porte témoignage d'une tentative ratée d'introjection, vécue dans la volupté

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L'incorporation est une prise de possession magique de l'objet, un fantasme qui l'installe en secret à l'intérieur de soi et rappelle par un monument le refoulement du désir

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Les fantasmes d'incorporation de la mélancolie sont antimétaphoriques : ils détruisent la figuration et annulent l'acte même de mettre en mots le vide originel

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Devant l'impossibilité d'énoncer le mot du désir, le sujet crée un symbole - voire une oeuvre d'exception - qu'occultent ses actes, rêves et symptômes

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En introduisant dans le moi la libido inconsciente, l'introjection des pulsions les transforme en désirs et fantasmes de désirs

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L'introjection commence par l'expérience du vide dans la bouche : le langage supplée à l'absence, aux cris et aux pleurs se substituent des mots

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A l'origine, les mots ne sont pas porteurs d'une signification, mais d'un drame mémoriel qui exige impérieusement d'eux qu'ils opèrent une distinction, qu'ils instituent une différence

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Une oeuvre authentique est la solution exemplaire, symboliquement originale, d'un conflit fictif; elle articule un affect inconscient dans un langage approprié

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Une oeuvre est vouée à demeurer muette, illisible - sauf si une oreille, par auto-témoignage, entend l'archi-poème qu'elle sait à l'avance

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A l'origine, la seule source de certitude pour l'Enfant est la conjonction du Je et du Me, du touchant et du touché - qui est toujours déçue par l'abîme qui les sépare

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Parler, c'est communier avec un mensonge : réveiller un fantôme anasémique, tout en exigeant qu'il ne prenne pas corps (le présentifier en l'exorcisant)

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La psychanalyse a pour domaine l'impensé de la phénoménologie - laquelle ignore l'inconscient, noyau de l'être

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Entre le "je" et le "me" surgissent des auto-affections qui ne signifient rien : distance qui sépare le sujet d'avec soi, non-présence qui s'entend dans la présence

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Un symbole n'est pas symbole par lui-même, mais seulement en tant qu'opération d'un sujet, en relation dynamique avec ses désirs, ses contre-désirs et ses objets

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La signification d'un symbole, conçu comme fusion entre refoulant et refoulé, n'est donnée que dans la relation de transfert, par résonance entre structures imaginales

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Au fondement de la création du temps est le décalage entre désir conscient et voeu inconscient : ce qui arrive au présent est toujours "autre chose" que ce qui était attendu

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Dans sa duplicité, la trace agit sur les deux pôles anasémiques : le noyau (inconscient) et la périphérie (enveloppe préconscient-conscient)

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En proposant un nouveau concept anasémique de traduction, hors de lui-même, Nicolas Abraham opère une conversion, une transmutation

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Les analystes de l'"Homme aux loups", connus ou inconnus, ont produit à plusieurs voix une traduction inventive, une oeuvre de langue, une oeuvre de vie, un poème

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La théorie psychanalytique, qui révèle en nous la non-présence d'où jaillit tout sens, ne peut s'énoncer que comme discours anasémique

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Les symptômes psychosomatiques sont des maladies de soi à soi, où le sujet ne parle qu'à lui-même et non pas aux autres

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Nicolas Abraham traduit la langue de la psychanalyse dans "une autre langue", une nouvelle langue anasémique, incomparable à aucune autre

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Avec Nicolas Abraham arrive, vers 1968, une brisure qui marque un nouveau rapport entre la psychanalyse et la phénoménologie

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"Cryptonymie, le Verbier de l'Homme aux Loups" (Nicolas Abraham et Maria Torok, 1976) [CVHL]

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"Fors, Les mots anglés de Nicolas Abraham et Maria Torok" - Préface à "Cryptonymie, le Verbier de l'Homme aux Loups" (Jacques Derrida, 1976) [Fors]

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"L'écorce et le noyau" (Nicolas Abraham et Maria Torok, texte de 1978 réédité en 1987) [LELN]

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Bibliographie de Nicolas Abraham

 


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