Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Le Nu idéal                     Le Nu idéal
Sources (*) :              
Kenneth Clark - "Le Nu, tome 1", Ed : Hachette, 1969, pp21-22

 

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[Il existe depuis les Grecs une forme d'art, le Nu artistique ou esthétique, qui idéalise le corps en le dépouillant de sa nudité]

   
   
   
                 
                       

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Alors que, pour la plupart d'entre nous, la vision d'une personne dépouillée de ses vêtements est un spectacle gênant ou embarrassant, le Nu artistique est considéré comme un motif essentiel. En tant qu'exercice académique, c'est un sujet quasiment obligatoire; et malgré tous les changements qui affectent la peinture, malgré l'abandon de la doctrine de l'imitation, il n'a pas disparu et constitue encore aujourd'hui un thème fréquent dans la peinture, et un lien ineffaçable avec les disciplines classiques.

Observant un corps dévêtu, le peintre ou le sculpteur reproduit rarement tel quel le modèle qu'il a sous les yeux. Tenant compte de ce qu'on fait les autres artistes avant lui, il transforme ce modèle, l'améliore, l'harmonise ou l'idéalise.

Il s'est produit chez les Grecs, entre 480 et 440 avant J-C, une véritable rupture. Ils ont inventé un sentiment tout à fait nouveau de la beauté, auquel les artistes de la Renaissance et nous-mêmes restons sensibles. Ce sentiment était ignoré des Egyptiens, comme il le sera plus tard des byzantins et des médiévaux. A la forme claire et idéale qu'on trouvait déjà dans les statues plus anciennes, ils ont ajouté un subtil déséquilibre, une grâce, un sentiment de mouvement et de rythme. Avec Polyclète et son canon, le jeu subtil du mouvement et du repos a été systématisé d'abord pour le Nu masculin, puis aussi pour le Nu féminin avec l'Aphrodite de Praxitèle. Le résultat est une combinaison ambiguë de sensualité et de divinité.

A la Renaissance, Donatello a été le premier, avec son David, à renouer avec cette tradition. Mais pas plus que Michel-Ange [dont l'amour pour la beauté masculine est connu], il ne respectait les normes et les conventions léguées par l'Antiquité. Les artistes de la Renaissance cherchaient, autant qu'ils le pouvaient, à concilier leur sensualité avec la spiritualité chrétienne de leur temps. C'est ce qu'a fait Botticelli avec sa Naissance de Vénus ou son Allégorie du printemps avant de faire marche arrière, sous l'influence de Savonarole, dans sa Calomnie d'Apelle. C'est aussi ce qu'a voulu faire Giorgione avec sa Vénus endormie aux lignes si parfaites [tant que ses rêves inconnus ne la réveillent pas], et son étrange Concert champêtre, dont la signification est restée jusqu'à aujourd'hui énigmatique.

Plus tard, de Rubens à Ingres, on change de paradigme. Le visuel recule devant le tactile ou le sensuel.

 

 

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Propositions

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Le Nu est une forme d'art inventée par les Grecs au 5ème siècle avant J-C

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Vers 480 avant J-C, la forme claire et idéale de l'Apollon grec gagne en sensualité; par un subtil déséquilibre, le corps masculin devient beau

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Le sculpteur grec Polyclète cherchait, par de savants calculs, à allier l'impression de repos à la suggestion du mouvement

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Avec l'Aphrodite de Cnide, la beauté triomphe : la force obscure du désir est compensée par le calme, la sérénité et la pudeur

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Dans "La naissance de Vénus" de Botticelli, l'horreur de la castration est déplacée sur la pudeur de la déesse nue

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Avec son David, Donatello a redécouvert vers 1430 le secret de la beauté physique

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Les Nus masculins de Michel Ange sont incomparables, car ils nous communiquent son émotion devant la beauté masculine

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La "Vénus endormie" de Giorgione occupe dans la peinture européenne la place de la "Vénus de Cnide" de Praxitèle dans la sculpture antique

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Aucun iconologiste n'est jamais parvenu à déchiffrer le "Concert champêtre" - ce tableau que Giorgione a pu commencer vers 1508 et le Titien achever vers 1510-11

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Dans ses Nus féminins, Rubens ne sacrifie jamais le tactile au visuel

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L'"Allégorie du Printemps" (tableau de Sandro Botticelli, vers 1477-82) pourrait être intitulé : "le Royaume de Vénus"

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Partagé entre l'idéal de la beauté classique et son goût insatiable pour le sensuel et le singulier, Ingres réussit, dans le "Bain Turc", à concilier l'érotisme et l'esthétique

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Dans "La Calomnie d'Apelle" (vers 1494-95), Botticelli a voulu montrer que la Vérité nue, détachée du désir, ne pouvait qu'être mise à mort

 


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