Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, Heidegger                     Derrida, Heidegger
Sources (*) : Derrida, retrait, effacement               Derrida, retrait, effacement
Catherine Malabou - "La Contre-allée - L'écartement des voies, Dérive, arrivée, catastrophe", Ed : La Quinzaine Littéraire - Louis Vuitton, 1999, pp125-6

 

Sans Titre (Finsmal, 2008, Flickr licence CC) -

Ecrire dans la mouvance derridienne

Par le mot "retrait", Derrida se confronte à la pensée heideggerienne du chemin et propose un voyage inouï, un "envoyage" (envoi sans dérivation, cheminement, ni retour)

Ecrire dans la mouvance derridienne
   
   
   
Derrida, sa Cabale cachée Derrida, sa Cabale cachée
               
                       

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La question du voyage - de la voie ou de la viabilité en général - est, selon Catherine Malabou, un lieu de confrontation critique aiguë entre Heidegger et Derrida. Chez Heidegger, la question de l'être est indissociable d'une pensée du chemin. Des Présocratiques à Husserl, la métaphysique se déploie à partir de l'occultation de la différence ontologique [différence entre l'être et l'étant]. L'être nous est destiné, mais il n'est ni un présent, ni un étant. Il se retire. Le déterminer comme présence du présent [comme le font les métaphysiciens], c'est l'oublier, c'est-à-dire redoubler le retrait : au retrait originel de l'être s'ajoute un supplément, le retrait du retrait de l'être (ou déchéance de la métaphysique).

Dans le vocabulaire heideggerien, l'être se met en voie (Bahn) par son retrait même. L'envoi (Geschick) de l'être est une mise en mouvement (Be-Wëgung) ou en chemin (Weg). On ne peut pas désigner ce cheminement, qui est extérieur à la métaphysique, par une trope ou une métaphore - car en tant que renvoi ou substitution d'un étant à un autre, la métaphore reste intérieure à la métaphysique. Heidegger définit "un sens tout à fait inouï du voyage : ni propre, ni littéral, comme ouverture originaire de tous les chemins, de toutes les destinations et de tous les destins" (Malabou p128) dans lequel la métaphore tombe d'elle-même, elle se retire.

 

 

Jacques Derrida reprend cette ouverture du chemin et la radicalise. Dès l'origine, l'origine est un retrait. Rien ne peut en dériver. Les formulations heideggeriennes comme "retrait de l'être" ou "retrait de la métaphore" étaient encore elles-mêmes des métaphores. Derrida part d'une analyse fine du mot "retrait" chez Heidegger pour aller plus loin. Le trait de Heidegger interprété comme archi-écriture n'obéit à aucune téléologie. Il n'a ni sens ni identité, il ne forme aucun système ni aucune totalité. L'être n'est ni un point de départ, ni un lieu d'arrivée, ni un signifié transcendantal. Le trait est arraché à son unité destinale : il se dissémine, se perd en route. Il peut s'effacer. L'envoi ne reconduit ni à une vérité ni à un sens propre. Dans la notion heideggerienne de "chemin", il reste une part de dérivation méthodique (métaphysique). C'est vers un autre genre de marche qu'il faut aller, une démarche non cheminante.

 


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