Nicolas Abraham et Maria Török évoquent une certaine catégorie de patients, différents des névrosés "courants", qu'ils appellent endocryptiques. A la suite d'un trauma ou d'un deuil, un fantasme s'est installé en secret, par incorporation, à l'intérieur du moi. Protégé, figé, déguisé, refoulé dans une crypte close, il peut produire des symptômes d'apparence mélancolique ou hystérique. Dans d'autres cas, le patient peut attribuer à ses fonctions physiologiques une signification libidinale. Une maladie se déclare alors, qui ne parle pas aux autres [comme pour les névroses], mais au sujet lui-même : asthme, colite, ulcère, nécrose, goutte, etc... C'est le fantôme du mort incorporé, tabou, qui revient. Le symptôme psychosomatique est vécu comme catastrophe, mais il permet au sujet de ne pas revivre son trauma sous la forme de mots et d'affects. La conversion interne donne une expression à la douleur, aux lamentations et aussi aux auto-accusations.

Pour exorciser le fantasme, il faudrait pouvoir symboliser la perte, laisser apparaître le deuil au vu et au su de tout le monde.