Pour les philosophes du droit naturel, la question de la légitimité de la violence ne se pose pas. La violence est un matériau brut adapté aux fins vitales de la nature, dont l'individu dispose de facto. Pour des fins justes et naturelles, en fonction de critères rationnels, il peut s'en désaisir de jure au profit de l'Etat. Ces philosophies convergent avec les philosophies du droit positif, pour lesquelles on ne juge pas de la violence comme moyen, mais en fonction des fins qu'elle vise. Si la fin est juste, alors le moyen lui aussi est juste. Dans les deux cas, le dogme est le même : il ne peut pas y avoir de conflit entre moyens légitimes et fins justes.

Selon Walter Benjamin, il faut sortir de ce cercle et considérer la légitimité de la violence comme telle. Il y a, dans le droit européen tel qu'il est appliqué, indépendamment des fins poursuivies, deux types de violence : celles qui sont sanctionnées par la loi et celles qui ne le sont pas. Seules les secondes peuvent conduire à la justice.