Derrida
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Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Souveraine destitution du droit                     Souveraine destitution du droit
Sources (*) : Un messianisme au - delà de la loi               Un messianisme au - delà de la loi
Walter Benjamin - "Oeuvres I", Ed : Folio-Gallimard, 2000, pp237-8

 

Le chatiment de Core (Gustave Dore) -

Notre tâche est d'en finir avec la violence mythique du droit pour en revenir à la violence divine, qui est celle de la simple vie comme telle, en-dehors du droit

   
   
   
                 
                       

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Dans la violence mythique, le pouvoir des dieux et la fondation du droit sont inséparables. Quel que soit le personnage de la mythologie grecque (Niobé, Prométhée, Oedipe), son destin est inéluctable. Qu'il cherche ou non à le transgresser, il devra expier. La violence qui se manifeste dans le mythe est identique à la force du droit. Comment endiguer cette violence? Il faut, dit Benjamin, une autre violence qui ne serait pas fabricatrice, mais destructrice de droit. C'est ce qu'il appelle la violence divine, une violence mortelle, pure, qui lave de la faute et fonctionne sur un mode non sanglant.

Dans la bible, Qorah est un lévite qui se révolte contre Moïse et son frère Aaron. La punition divine est brutale : il est englouti par la terre, mais ses enfants ne meurent pas. Dans le mythe de Niobé, c'est l'inverse : ses enfants sont massacrés, mais (bien que transformée en rocher), elle n'est pas détruite. Ainsi Qorah est-il lavé de la faute, et aussi délivré du droit. Dans l'interprétation proposée par Walter Benjamin, la violence divine qui s'exerce contre Qorah sacrifie sa vie, mais c'est pour sauver le vivant, la vie pure et simple. Ce n'est pas l'existence comme telle qui est sauvée (l'existence biologique), c'est la vie juste, sacrée. Ce choix, on peut selon Benjamin généraliser au monde des années 20, marqué par les grèves et les révolutions [c'est un rejet du pacifisme : on admet que certaines personnes puissent mourir dans les révolutions, si c'est pour instaurer un droit nouveau]. Ainsi la violence divine qui ne s'exerce pas en faveur des dieux (ou de Dieu), mais en faveur de la vie juste, rejoint-elle la violence révolutionnaire.

Le châtiment de Coré (Illustration de la bible de Gustave Doré).

 

 

Qorah, un lévite, s'est révolté contre Moïse (Nb 16:1-40) [C'était un démagogue, qui protestait contre les privilèges de Moïse et de sa famille]. Dieu l'a puni en envoyant un feu du ciel et en le consumant, ainsi que 250 de ses complices. La terre s'est ouverte, elle a englouti Dathan et Abiram avec leurs familles et tout ce qui leur appartenait. Quant aux israëlites qui ont protesté contre cette sévère punition, ils ont été frappés par la peste, et 14.700 d'entre eux sont morts (y compris des jeunes enfants innocents). Mais les enfants de Korah lui-même n'ont pas été tués (Nb 26:11).

 


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