Il faut distinguer entre d'une part le vrai pardon, le pardon absolu, authentique, avec une intention de pardonner, et d'autre part ces simili-pardons, apocryphes, qui tiennent lieu de pardon, ces pardons relatifs qui semblent avoir le même effet extérieur, mais ne sont pas de véritables pardons car ils ne tiennent pas compte du mouvement intentionnel.

1. l'usure par le temps. C'est le pardon par lassitude. Avec le temps, les situations se modifient, les hommes changent. Même la rancune, qui pourtant s'accroche, se cramponne, finit par peser trop lourd. Quand le ressentiment nous amarre au passé, tire vers l'arrière, retient vers le bas, le pardon peut être vécu comme un allègement. Tôt ou tard, le rancunier cède à l'omnipotence du temps, il se lasse, il laisse l'indifférence progresser en lui. Le pardon restaure le devenir, la futurition finit toujours par prévaloir sur la prétérition. Et si le rancunier résiste à l'oubli, son entourage se charge de lui rappeler que l'histoire avance, qu'il est dépassé, ridicule, risible. Comme l'offensé, l'offenseur a changé, il est un autre. Les intérêts vitaux de l'un comme de l'autre ne sont plus les mêmes.

2. l'excuse intellective. C'est le pardon par charité.

3. la liquidation. pour mettre fin à une situation critique, tendue, anormale. Il lève l'état d'exception qu'entretenait la rancune.