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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, Jean Genet | Derrida, Jean Genet | ||||||||||||||||
Sources (*) : | "Glas", texte en double colonne | "Glas", texte en double colonne | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Glas", Ed : Galilée, 1974, pp52b-56b Amies (Egon Schiele, 1913) - |
Derrida, la colonne | Par échange infini entre deux colonnes qui s'entrelacent, s'auto-affectent, les significations se multiplient, les contraires s'équivalent, jusqu'à la sépulture des noms propres |
Derrida, la colonne | ||||||||||||||
"Glas" : Faire son deuil de la signature | "Glas" : Faire son deuil de la signature | ||||||||||||||||
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Commentant le dispositif en deux colonnes retenu par Jean Genet pour son texte "Ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits carrés bien réguliers, et foutu aux chiottes", tel qu'il a été publié en 1967 dans la revue Tel Quel, Jacques Derrida éclaire indirectement l'opération qu'il a lui-même engagée dans son livre intitulé Glas (publié en 1974). L'opération de Genet développe, selon Derrida, "une théorie ou un événement de l'équivalence générale" ou de l'identité universelle à tous les hommes. Tout homme en vaut un autre et aussi tout sujet [s'agissant des tableaux de Rembrandt, ce mot est pris dans le sens de thématique d'une peinture], et aussi peut-être tout rapport corporel, et aussi ce rapport singulier que Derrida nomme "auto-affection". Son regard qui bute contre le mien dit Genet (qui se fond en lui, qui est mon regard rencontré par inadvertance dans une glace), Je m'écoulais de mon corps en meme temps que le voyageur s'écoulait dans le mien, Je m'étais écoulé (par le regard, dans le corps d'un autre), Cet homme recélait puis me laissait déceler ce qui le faisait identique à moi, Dans une sorte de dégoût de moi-même, Tout homme est semblable à tout autre, Tout homme est tous les autres hommes, mais cet homme unique est en même temps étranger à moi-même, une innombrable variété d'individus qui se valent : l'un l'autre, etc... Pourquoi cette découverte suscite-t-elle chez Genet tristesse et regret? Elle lui semble incompatible avec une relation érotique - "La recherche érotique est possible seulement quand on suppose que chaque être a son individualité, qu'elle est irréductible et que la forme physique en rend compte, et ne rend compte que d'elle". Se découvrant identique à l'autre (de chair, de sang et de larmes), Genet craint soudain de ne plus pouvoir bander. Et peut-être la qualité particulière de la peinture de Rembrandt, où les personnages semblent perdre leur individualité, est-elle aussi désérotisante. Et si l'échange des regards lui faisait perdre sa fonction érotique? Mais Genet se rassure : en définitive, s'extasier devant une oeuvre d'art, c'est accepter l'idée que tout cela puisse être faux. Il décide de faire revenir de l'autre, et vite! pour calmer cette inquiétude. Si chaque tableau de Rembrandt renvoie à un événement unique, solennel, alors le désir est peut-être sauvé. |
Ce que Genet appelle oeuvre d'art est pour Derrida, un texte. Les tableaux sont écrits en double colonne où "ce(lui) qui (s')écrit se voit regardé par le peintre". Depuis leur lieu, ailleurs, les tableaux vous surveillent, ils vous dénoncent. Il faut se tordre la tête, se placer en diagonale, pour les regarder. Les colonnes sont interchangeables, absolument indépendantes - rien ne distingue l'une de l'autre, le vrai du faux - rien, en tous cas rien de symbolique, sauf les noms propres (en l'occurrence Genet avec ses dérivés : gant, glaner, glas, glace, fleur, gaine, glaïeul, glaive, glaviol, gland, etc... qu'on retrouve dans d'autres textes, par exemple la pièce de théâtre "Les bonnes"). Si tous les individus, tous les sujets sont interchangeables, le seul moyen d'éviter la disparition du désir, c'est le nom, la signature. D'où la multiplication des figures du nom et des anagrammes chez Genet. S'il n'y avait que du nom, il n'y aurait plus ni texte, ni reste; mais le texte et le reste continuent à proliférer [à la façon de la dissémination, de la sexualité féminine : castration - phallus - virginité - vagin - clitoris - encore!), et avec eux les signifiants cryptiques du nom (le glas des syllabes associées).
On peut lire dans le dispositif de Glas le même entrelacement que celui de Genet : - le début de la première colonne (p7) (ce qui reste de Hegel), peut être lu comme la suite du final de la deuxième colonne (p291) (le débris). - le début de la seconde colonne (p7) (ce qui est resté d'un Rembrandt foutu aux chiottes), peut être lu comme la suite du final de la première colonne (p291) (une littérature qui court à sa perte). |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaGenet DI.LDI DerridaGlasDG.LGD DerridaColonneKF.LKF DerridaDeuilNomCE.LED UColonnesOperation Rang = SColonnesDoublesGenre = MR - IA |
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