En général, le souverain apparaît comme figure masculine. C'est lui qui domine, soumet, domestique, maîtrise la femme, la bête, l'esclave ou l'enfant. Emile Benveniste, dans son Vocabulaire des Institutions Européennes, rapproche le mot latin potsedere (avoir pouvoir sur quelque chose, posséder) de la racine ipse. Exercer le pouvoir, c'est se désigner soi-même comme le premier. Plaute se sert du mot "ipsissimus" (le tout à fait lui-même) pour désigner le personnage le plus important, le patron.

La souveraineté implique toujours cette autoposition. Le souverain, qu'il s'agisse de l'empereur, du monarque, du dictateur, du peuple (en démocratie), du prolétariat ou du sujet citoyen (quand il vote) est celui qui se pose comme ipse, le même, soi-même. La dictature en tant que pouvoir de dire (la dictée, le diktat, l'ordre) est l'essence de la souveraineté. Aucune instance supérieure n'est nécessaire pour qu'elle soit à l'oeuvre. Son autorité s'exerce inconditionnellement, performativement.

Octave Auguste, dans l'encyclopédie Liber Florides (vers 1100).