Jacques Derrida distingue entre plusieurs types de souveraineté : de l'Etat-Nation, de l'homme, du sujet personnel, du peuple etc. Dans ce séminaire sur "La bête et le souverain", il analyse le concept classique de souveraineté tel qu'il résulte notamment des thèses de Carl Schmitt (droit à l'exception, droit à suspendre le droit, droit au hors-la-loi). Mais ce concept n'est pas indivisible. C'est une loi qui se pose et s'institue selon des fictions, des figures, des inventions. Elle se partage, se divise, se transforme, s'invente. Sa force (la raison du plus fort) évolue. Sa déconstruction n'est pas un pur travail théorique. Elle dépend de ce qui arrive aujourd'hui, des événements, guerres, crises et mutations - et aussi des choix et des luttes de ceux qui mènent ce travail. On ne s'oppose pas frontalement à la souveraineté, mais à certaines formes - et on en défend d'autres.

Goya avec ses souverains, devant ses souverains (film de M. Forman, 2005).