Pour distinguer de l'animal la position du sujet du signifiant (l'homme), Lacan affirme qu'un animal peut feindre, il peut user du leurre, de la parade, de la séduction, mais il ne peut ni feindre de feindre (feindre au second degré), ni mentir. Il lui faudrait pour cela un lieu Autre, ce "lieu de la Parole" qui seul peut témoigner de la vérité (Ecrits p807) [car le mensonge n'est possible que sur le fondement d'un rapport à la vérité]. Qu'est-ce qu'un tel lieu? Pas celui du semblable, du frère, mais celui de l'Autre (c'est Lacan qui met une majuscule). Selon Derrida [qui ne conteste pas la nécessité d'un tel lieu], en ce lieu "anhumain", d'une altérité radicale, méconnaissable, le divin et l'animal sont inséparables. Dans les mythes, les religions, les idolâtries et les pratiques sacrificielles, ils s'allient. Toute image de soi y est rompue. S'y croisent le Père, la Mère, la Loi, le souverain et la bête, ces figures indissociables de la même chose (la Chose).

Lacan et Lévinas exigent, l'un et l'autre, un tel lieu à partir duquel s'exerce la requête du juste (Lévinas), ou celle de l'ordre symbolique et de la loi (Lacan).

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[On peut dire ce lieu "quasi transcendantal" car c'est une instance tierce, exlue, qui (1) ne se fonde que sur cette exclusion (2) institue, par cette exlusion, l'ordre et la loi (3) légitime, par cette pseudo-transcendance, le respect qu'on doit à l'odre et à la loi].