Le souverain représente la puissance la plus puissante, la plus haute, la plus forte, la plus capitale. C'est le superlatif absolu, celui qui donne raison d'avance à la force, partout et toujours. On le qualifie par sa grandeur, sa majesté, sa verticalité orientée du haut vers le bas - comme dans la fable de La Fontaine, Le loup et l'agneau. Il est comme un arbre immense, au-dessus des lois. Il lui suffit de dire son nom, de se référer à lui-même [C'est que je m'appelle lion : A cela l'on n'a rien à dire, écrit La Fontaine dans une autre fable] pour qu'il ait le droit de soumettre, de posséder, de s'approprier. Sa puissance est perpétuelle, sa grandeur est plus grande que la grandeur, sa supériorité est infinie. Sa phallicité est unique, rigide, solitaire. Il a droit de regard sur tout, droit de grâce, de vie et de mort, droit de dominer militairement, d'archiver, droit d'apparaître dans l'espace public.

Mais, comme on peut le voir, par exemple, dans l'émission télévisée Les guignols de l'info, cette majesté théâtrale est équivoque. C'est celle d'une fiction, d'une marionnette, d'une fable. Sa performativité passe par la parole, la croyance, la foi.