Prendre soin, soigner, c'est aussi inspecter, surveiller, veiller sur l'autre avec une curiosité qui peut être indiscrète ou malsaine, comme celle qu'on peut avoir dans un asile psychiatrique ou un zoo. On ne soigne pas sans enfermer, sans limiter la liberté de déplacement (avec ou sans consentement), sans instaurer des bornes maîtrisables, contrôlabes, sans l'ambition de traiter, de guérir.

Traiter, c'est priver l'autre de son propre, l'exproprier (de son lieu, son habitat, son espace), de son temps. C'est s'occuper de son bien-être, mais pas nécessairement d'un bien-vivre dont les conditions ne seraient pas dictées par le soignant. C'est transformer des frontières en limites idéalisées, en fictions ou en fables dont l'évidence dissimule la force, ou la violence.