Déconstruire, c'est déconstruire les limites, et c'est aussi déconstruire les commencements, car, dit Derrida, "le seuil, c'est toujours un commencement". Un seuil est "une ligne par laquelle on rentre ou on sort". Mais cette ligne, vient-il de préciser, n'est pas indivisible. C'est une structure complexe, mobile, pliable. Comment peut-on entrer et sortir par une ligne de ce genre? C'est que dès le départ, dès le commencement, avant même la parole, il y a de l'unheimlich, de la crypte, du secret. Nous séjournons sur un seuil, devant une porte. Y a-t-il une clé? Laquelle? Comment poser la question du seuil, si cette clef n'a jamais existé, ou bien si elle a été perdue? Et comment déchiffrer le code sans clé? Comment situer le seuil si les frontières ne sont pas visibles, si elles sont vagues (strictures), indéterminées?

Il n'y a pas de réponse à ces questions, si ce n'est que c'est cela le commencement.