Le thème de la toison pubienne est fréquent chez Genet. Il y a toison autour du cou [le tatouage d'un futur condamné à mort], du con, de la verge. Souligné par la toison, ce trou noir et profond prend l'apparence d'un volcan, "une érection dans le trou et un trou en érection". A quoi pourrait ressembler un trou en érection, et à quoi pourraient ressembler ses bords? A des lettres en fusion, des lettres proférées, éructées. Il n'y a pas que le sexe qui soit pris dans la toison, il y a aussi l'écriture. C'est, selon Freud, une question de pudeur : il faut un tressage, un tissage, un feutrage devant le trou.

Hegel niait toute possibilité de relève devant le vide de la loi juive, (qu'il identifiait à la castration) qui ne pouvait susciter que l'horreur ou le dégoût. Effectivement la toison pubienne ne relève pas, elle dissimule. Même gluante de lait ou de crachat, au plus près du corps, c'est un voile textuel. Les poils cachent les organes génitaux ou le manque de pénis. C'est une enveloppe, une protection, un paravent prêt pour la parade, mais aussi un "texte toisonnant" (p80b). Derrière ce rideau, Jean Genet célèbre un culte phallique. Que voit-il dans le trou? Des fleurs (le réséda, le glaïeul). Dans cette érection en abyme, se rejoignent selon Derrida "le surgissement phallique et la concavité vaginale", "la virginité intacte et la castration sanglante". C'est la différence des sexes elle-même qui est tournée en dérision.

"Plus ou moins (que le) voile, plus ou moins (que la) vérité" commente Derrida (p81b).

En grec, "erion" signifie "laine".

On trouve ce mot deux fois dans la bible (Hébreux 9:19) et Apocalypse (1:14)