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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Oeuvre, archi - performatif | Oeuvre, archi - performatif | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Derrida, l'art, l'oeuvre | Derrida, l'art, l'oeuvre | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Papier Machine - Le ruban de machine à écrire et autres réponses", Ed : Galilée, 2001, pp124-126 Avant-Propos aux Confessions de Jean-Jacques Rousseau (manuscrit Moultou) - |
L'injonction archi-performative prescrit de préserver l'archi-archive de l'oeuvre, de la contresigner pour témoigner à ses propres yeux de bonté, justice, responsabilité |
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1. Jacques Derrida considère le texte ci-contre, en noir, comme le "commencement absolu" des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, une première page "immense", à la fois "canonique et extraordinaire", qui "appellerait à elle seule des siècles de lecture" (p119), "une analyse infinie" (p122), à laquelle il faudrait "consacrer un développement abyssal" (p127). Rousseau s'adresse au lecteur, il le conjure de ne pas anéantir ce qu'il appelle un cahier, un ouvrage. Si ce cahier était anéanti, ce serait de la malfaisance, de la vengeance. Contre qui? Contre lui-même, comme si ce cahier, c'était lui-même. "Voici le seul portrait d'homme, peint exactement d'après nature et dans toute sa vérité, qui existe et qui probablement existera jamais". Il n'y a jamais eu d'exemple d'un tel défi, et pourtant ce défi est exemplaire. De même que l'homme, Rousseau, est unique, ce cahier est unique. Il n'y en a qu'un seul exemplaire [c'est ce que dit Rousseau. En fait, il y avait plusieurs exemplaires du manuscrit des Confessions, quoique légèrement différents les uns des autres, mais un seul feuillet portant le texte ci-contre]. Un seul corps, un seul exemplaire original, authentique, vulnérable, destructible, exposé à la perte, à la mutilation, à la censure, à la falsification, à l'effacement. Au nom de ses malheurs et de toute l'espèce humaine, Rousseau confie le manuscrit aux générations futures. Il conjure l'autre, l'inconnu, de préserver cette archive, ce monument, ce corps, ce subjectile, de garder ce document irremplaçable, d'en faire une archive ultime de l'espèce humaine, une archi-archive. |
2. Texte du feuillet joint au manuscrit dit Moultou (ou manuscrit de Genève), qu'on ne trouve pas dans les autres manuscrits des Confessions. Il s'agit d'une copie d'un feuillet de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), faite en 1780 par Pierre-Alexandre Du Peyrou (lequel a été le premier éditeur des oeuvres complètes publiées en 1870-89 avec Paul-Claude Moultou, un ami de Rousseau mort en 1787). Ce feuillet n'a été publié qu'en 1850. On a pris l'habitude de le faire figurer dans la Première Partie des Confessions avant le commencement du Livre I. Cet élément hors-livre est donc devenu, dans les éditions modernes, une sorte d'avant-propos. Mais quel était son statut originel? Impossible à dire, d'autant que le feuillet en question est coupé par le milieu, et comporte une dizaine de lignes effacées.
3. Rousseau appelle un destinataire, un lecteur, un dépositaire juste (ou le moins injuste possible) et responsable. Mais qu'est-ce qu'un dépositaire juste et responsable? Quelqu'un qui, par sa compassion et sa compréhension, pourra lui-même, dès aujourd'hui, se regarder dans la glace et jouir de son image. La survie de l'oeuvre dépend d'un pari sur l'avenir : que l'autre ne se rende pas coupable de ne pas répondre, qu'il soit suffisamment bon pour saisir cette occasion. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida OeuvreArchiPerf DJ.LLK DerridaArtGM.HKK UOeuvreHeritage Rang = NOeuvreHeritageGenre = MR - CIT |
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