Le papier est, depuis des siècles, le lieu de l'affirmation du sujet, celui où, par l'apposition du nom et la signature, le moi peut s'identifier. Même si les procédures d'identification numériques ou électroniques se multiplient à un rythme accéléré, c'est encore lui qui porte l'ultime valeur authentifiante. Dans un autre domaine, le livre papier, publié par des éditeurs, reste une source irremplaçable de reconnaissance et de crédit, protégée par les procédures de légitimation et les normes protectrices de l'université. La stabilité des institutions reste incarnée par des actes faits sur papier, susceptibles d'être gardés, archivés. C'est le papier qui habilite, qui a force de loi, qui donne substance aux rituels de légitimation, et même s'il est fragile, s'il menace toujours de se retirer, on continue à le désirer.

Ceux qu'on appelle les sans-papiers sont aussi des hors-la-loi, étrangers ou non-citoyens auxquels on refuse le statut de sujets de droit. Ils exigent un visa, une carte de séjour, des documents. C'est toujours le papier qui hante l'identification.