En 1936-39, autour de la revue Acéphale, Georges Bataille a constitué une société secrète qu'il aurait, selon Maurice Blanchot, qualifiée de "communauté de ceux qui n'ont pas de communauté". En tous cas Blanchot place cette formulation en exergue de son livre, suivie par les initiales G.B.. Jacques Derrida la reprend et d'une certaine façon, lui donne un nom et un titre : l'amitié. C'est une façon pour lui de renvoyer à une série d'ouvrages où la "communauté sans communauté", ce "X sans X" autour duquel il cherche à proposer une autre politique, est thématisée. On a donc successivement :

- L'Amitié (Blanchot, 1971)

- La Communauté inavouable (Blanchot, 1983)

- La Communauté désoeuvrée (Nancy, 1986), Ce texte est issu d'un article paru en 1983 dans le numéro 4 de Aléa, qui a amorcé la réflexion de Maurice Blanchot. Le livre a ensuite été réédité plusieurs fois : 1990, 1999, 2004 (édition augmentée).

- Politique de l'amitié (Derrida, 1994), qui évoque notamment une révolution politique appelée par Nietzsche.

- [A cela, il faut ajouter plusieurs livres publiés par Jean-Luc Nancy. D'abord ceux qu'il signale en 1999 comme ayant prolongé La Communauté désoeuvrée : La Comparution, écrit avec Jean-Christophe Bailly (1991), puis Être Singulier Pluriel (1996). Ensuite ceux qu'il a publiés postérieurement sur le même thème : La Communauté affrontée (2001), puis après la mort de Blanchot et de Derrida : La Communauté désavouée (2014)].

Prendre au sérieux ces énoncés contradictoires et indécidables, les contresigner, nommer le séisme qui les rend nécessaires, telle est la tâche, la responsabilité à laquelle on ne peut se dérober.