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Derrida, la vie, la survie                     Derrida, la vie, la survie
Sources (*) : Derrida, inconditionnalités, principes inconditionnels               Derrida, inconditionnalités, principes inconditionnels
Jacques Derrida - "Apprendre à vivre enfin - Entretien avec Jean Birnbaum", Ed : Galilée / Le Monde, 2005, pp54-55

 

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Au - delà du cycle de vie, une vie indéconstructible

La déconstruction est du côté de l'affirmation inconditionnelle de la vie, d'une survie qui soit la vie plus que la vie, la vie la plus intense possible, au-delà de la vie

Au - delà du cycle de vie, une vie indéconstructible
   
   
   
               
                       

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Dans les dernières minutes de son dernier entretien publié par Le Monde le 19 août 2004, Jacques Derrida tient à affirmer l'inconditionnalité de la vie.

"Nous sommes structurellement des survivants, marqués par cette structure de la trace, du testament. Mais, ayant dit cela, je ne voudrais pas laisser cours à l'interprétation selon laquelle la survivance est plutôt du côté de la mort, du passé, que de la vie et de l'avenir. Non, tout le temps, la déconstruction est du côté du oui, de l'affirmation de la vie. Tout ce que je dis - depuis Pas, au moins, dans Parages - de la survie comme complication de l'opposition vie/mort, procède chez moi d'une affirmation inconditionnelle de la vie. La survivance, c'est la vie au-delà de la vie, la vie plus que la vie, et le discours que je tiens n'est pas mortifère, au contraire, c'est l'affirmation d'un vivant qui préfère le vivre et donc le survivre à la mort, car la survie, ce n'est pas simplement ce qui reste, c'est la vie la plus intense possible. Je ne suis jamais autant hanté par la nécessité de mourir que dans les moments de bonheur et de jouissance. Jouir et pleurer la mort qui guette, pour moi c'est la même chose" (Derrida, Apprendre à vivre enfin, pp54-55).

Dans ce passage, Derrida n'affirme pas la vie en tant que telle. La vie en tant que telle a quelque chose de répétitif, de machinique, ou de circulaire. Ce qu'il affirme et même, ce qu'il exalte, c'est une surenchère par rapport à la vie. La survivance n'est pas seulement la vie, c'est encore plus : la vie au-delà de la vie [vivre au-delà de l'expérience du présent-vivant], la vie plus que la vie [ce qui implique autre chose que la simple vie], la vie la plus intense possible [pleurer, c'est vivre intensément, c'est en appeler au-delà de la vie immédiate].

 

 

Si le vivant était indifférent, il se contenterait de vivre, mais il préfère vivre plutôt que mourir, il préfère la bénédiction des moments heureux, le souvenir de la vie, y compris les moments malheureux. Cette affirmation inconditionnelle n'est pas un instinct, c'est un principe, un principe plus vieux, plus puissant, que le principe de plaisir.

 


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