Dans un monde où se déchaînent les hostilités, où de nouvelles figures de la violence et de la guerre ne cessent de faire irruption, n'y a-t-il pas urgence à agir? Y a-t-il encore le temps de lire, de réfléchir, de délibérer, de prendre d'infinies précautions philologiques et philosophiques pour recueillir l'héritage foisonnant de Nietzsche, ou pour commenter la scène maïeutique du Lysis de Platon? Il y a toujours urgence, dit Derrida, une urgence politique et historique, mais ce n'est pas une nouveauté. Toute décision est imminente, tout événement est une interruption, toute responsabilité doit trancher. C'est toujours vrai. Les réponses ne sont jamais assez directes. L'urgence n'est pas liée à un moment, un temps particulier, elle tient aux concepts mêmes. Pour la décision et la responsabilité, il y a urgence, mais aussi pour la justice, l'appel de la pensée, pour la vie et pour l'arrivance messianique. La structure téléiopoiétique dans laquelle nous nous inscrivons prescrit l'urgence.