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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, l'amitié | Derrida, l'amitié | ||||||||||||||||
Sources (*) : | Et il faut s'aventurer pour plus que la vie | Et il faut s'aventurer pour plus que la vie | |||||||||||||||
Jacques Derrida - ""Politiques de l'amitié", suivi de "L'oreille de Heidegger"", Ed : Galilée, 1994, p197 Transcriptions de la phrase d'Aristote - |
"O mes amis, il n'y a nul amy!" Selon l'accent (iota) mis ou pas sous la lettre omega, la phrase est assertive (jugement) ou vocative (interpellation) |
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Il est question d'une phrase attribuée à Aristote, dont nul ne sait s'il l'a vraiment écrite ou prononcée. Le premier à la citer [parmi les textes qui nous sont parvenus] est Diogène Laërce, qui vivait au début du 3ème siècle après J-C. Dans son texte intitulé Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, il renvoie à Phavorinos, qui l'aurait lui-même citée dans ses Mémoires [Phavorinos est un sophiste et un érudit qui, semble-t-il, aurait vécu à Arles]. Il se pourrait que cette phrase ait figuré dans le testament d'Aristote, mais qui sait? Et qui sait d'où Phavorinos l'a entendue? Personne. On ignore toujours, dit Derrida, l'origine d'une rumeur - et il s'agit bien d'une rumeur citationnelle. En tous cas après Montaigne, Kant l'a citée, et Nietzsche, et Deguy, et Blanchot, et Florian (ce fabuliste dont le nom complet était Jean-Pierre Claris de Florian, 1755-1794), qui la transcrit dans sa fable Le lièvre, ses amis et les deux chevreuils "Mes amis, il n'est point d'amis". Derrida, quant à lui, attire l'attention sur un point qui peut sembler un détail, une question de grammaire, d'orthographe ou de philologie. Le premier mot de la phrase est une lettre, omega (la dernière lettre de l'alphabet grec). Or, en l'absence d'accentuation, la fonction de cet omega est indécidable. - en l'absence de iota sous le omega, c'est un vocatif, une interjection. On s'adresse à cet ami qui est présent, auquel on parle, on l'interpelle, on fait appel à lui, et ce qu'on lui annonce peut sembler paradoxal : Tu es mon ami, mais il n'y a point d'ami. C'est la lecture la plus couramment admise, celle de la tradition. - s'il y a, sous le omega, un iota, alors la phrase est un datif pronominal. C'est une assertion, un jugement. En l'absence de l'ami dont on parle, on lui attribue un prédicat : il n'y a point d'ami. Mais alors la lecture est complètement différente. "Celui pour lequel il y a une pluralité d'amis, pour lui point d'amis". Ou encore, en paraphrasant : Celui qui a trop d'amis n'en a aucun. C'est la lecture retenue par Jacques Derrida. |
Transcription de la phrase grecque en lettres latines : O philoi, oudeis philos.
Jacques Derrida compare l'oscillation entre l'une et l'autre forme grammaticale possible au Fort/Da freudien : on fait venir les amis, puis on les renvoie. Tant que l'accentuation ou la prononciation ne sont pas précisées, la phrase reste cryptique. [Elle ne tranche pas entre vocatif et assertif (une oscillation ou indécidabilité typique des énonciations performatives)]. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaAmitie OF.LIF VieOeuvrerGG.LKD UAmitieTremblement Rang = QApostropheAristoteVocGenre = MR - CIT |
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