C'est Hélène Cixous qui qualifie la Bibliothèque, la Littérature (avec une majuscule) de Toute-puissance-autre (avec une majuscule) (dans le Prière d'insérer de son livre Manhattan, Lettres de la préhistoire). Jacques Derrida reprend cette formulation en faisant remarquer que la majuscule introduit un agrandissement majestueux, comme un nom propre. Il y a la Bibliothèque nationale, comme celle qui a accueilli ses archives (la BNF), comme il y a la Littérature mondiale, la grande (Homère, Shakespeare, Joyce, Poe). Aucune bibliothèque, dans aucun espace d'archivage, ne peut contenir cette littérature démesurée, infinie, indécidable. Pour Derrida, l'oeuvre d'Hélène Cixous entre dans cette série. Elle aussi participe de la loi de la Toute-puissance-autre, dans laquelle la fiction, la réalité, l'invention, le rêve, le fantasme, l'événement, sont indissociables. Ainsi le prénom Gregor, qui renvoie au nom de son père (mort) et de son fils (mort), reste inaccessible.

La toute-puissance de la littérature, c'est son pouvoir de garder indécelable le secret de ce qu'elle dit. C'est un pouvoir infini. Même ce que la littérature avoue en pleine lumière, même ce qu'elle dévoile, cela reste secret. La littérature "s'institue comme la possibilité même du secret", dit Derrida, c'est le lieu secret où elle commence.