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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Derrida, le savoir, l'université | Derrida, le savoir, l'université | ||||||||||||||||
Sources (*) : | L'oeuvre derridienne, vaccin contre le pire | L'oeuvre derridienne, vaccin contre le pire | |||||||||||||||
Jacques Derrida - "Ulysse gramophone, Deux mots pour Joyce", Ed : Galilée, 1987, pp97-99 Le grand amphi de la Sorbonne - |
Derrida, acquiescement, le "oui" | Face à l'université moderne dont le projet terrifiant, intolérable, est d'archiver toute la culture, l'oeuvre implore un "oui" de l'autre, la nouveauté d'une contresignature |
Derrida, acquiescement, le "oui" | ||||||||||||||
L'oeuvre, et le paradoxe du "oui" | L'oeuvre, et le paradoxe du "oui" | ||||||||||||||||
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S'adressant, le 2 juin 1984, aux spécialistes du James Joyce International Symposium de Francfort, Jacques Derrida se dit intimidé, ce qui ne l'empêche pas de tenir, sur le projet joycien et ses commentateurs, un discours très fort : "L'intimidation tient à cela : les experts joyciens sont les représentants aussi bien que les effets du projet le plus puissant pour programmer pendant des siècles la totalité des recherches dans le champ onto-logico-encyclopédique - tout en commémorant sa propre signature. Un Joyce scholar dispose en droit de la totalité des compétences dans le champ encyclopédique de l'universitas. Il maîtrise le computer de toute la mémoire, il joue avec l'archive de la culture" (...) Les effets de cette pré-programmation, vous les connaissez mieux que moi, ils sont admirables et terrifiants, parfois d'une intolérable violence. L'un d'entre eux a la forme suivante : on ne peut rien inventer au sujet de Joyce" (Ulysse Gramophone, p97). Il est remarquable de voir Derrida utiliser, à propos de l'accumulation du savoir dans l'université, le vocabulaire du mal radical auquel il avait déjà fait allusion pour conclure le premier texte du même recueil : "La prière et le rire absolvent peut-être le mal de signature, l'acte de guerre par lequel tout aura commencé. C'est l'art, l'art de Joyce, la place donnée pour sa signature faite oeuvre" (p53). Invité, donc, à ce symposium d'experts joyciens, Derrida commence par ironiser sur les experts, les "docteurs ès choses joyciennes" (p67), dont la compétence est appelée, sollicitée par le texte, au prix de ce qu'il appelle une "intolérable violence". Il voulait traiter du "oui" dans Ulysse, et le voici devant ce parterre de spécialistes auquel Joyce, par son texte irracontable, a fourni de quoi travailler pendant des siècles. Ces experts appartiennent à une institution qui fabrique "une puissante machine de lecture, de signature et de contresignature au service de son nom" (p77) [il s'agit du nom de Joyce, mais aussi du nom de chaque expert]. Derrida va très loin dans la critique de cette machinerie, dans la mise en cause de l'autorité produite par cette communauté (p93) ou famille, "l'assemblée la plus intimidante au monde" (p94). |
Qu'est-ce qui justifie leur légitimité? Une interminable chaîne de traduction, de tradition et de division du travail, des moyens de transport, de communication, de programmation, une capitalisation ou accumulation "affolée" des intérêts du savoir, des modes d'archivation de consultation de données inouïes...(p97). Puis viennent les mots les plus durs. Ce qu'ils veulent programmer, dit Derrida (toujours à propos des experts et de leur commanditaire, Joyce lui-même), c'est la totalité des recherches, c'est toute la mémoire, encyclopédique, de la culture occidentale. Ils veulent stocker toutes les langues, jusqu'aux traces du futur (p98), la marque la plus dangereuse du mal radical selon lui (l'annulation de l'avenir). Quelle violence insupportable, intolérable, terrifiante! Mais terrifiante pour qui? Insupportable pour qui? et pour quoi? Pourquoi? Dans quelle guerre? Derrida lui-même semble se le demander, il va jusqu'à s'interroger sur ce qui le pousse, lui-même, à désirer faire partie de cette puissante famille de spécialistes (p95). Mais l'interrogation tourne court. L'important est le contre-feu, l'autre face du paradoxe, l'autre dimension de la signature joycienne. Dans Ulysse gramophone, il porte un nom : le oui-rire.
Car c'est Joyce lui-même qui ruine la formidable machinerie de savoir qu'il déclenche. "Voici le paradoxe : au moment où l'oeuvre d'une telle signature met au travail, d'autres diraient s'asservit, en tout cas relance pour elle, pour qu'elle lui revienne, la machine de production et de reproduction la plus compétente et la plus performante, elle en ruine simultanément le modèle. Du moins le menace-t-elle de ruine. Joyce a misé sur l'université moderne mais il la met au défi de se reconstituer après lui. Il en marque les limites essentielles" (Ulysse gramophone, p98). Comment Joyce fait-il venir la possibilité de cette ruine? En signant. Bien qu'elle soit elle aussi une modalité de la répétition mécanique, sa signature est un événement. Elle est gramophonique (elle peut se répéter à la façon d'un gramophone), mais aussi graphématique (un trait unique, daté). Elle affirme un auteur, un signataire, mais elle est aussi, en plus, une demande. Il faut me lire, me traduire. Une intériorité qui en appelle à une autre intériorité, une érudition à un secret, une signature à une contresignature. Dans le temps même où elle réaffirme un oui primordial, originel [celui qui signe est celui qui dit "oui"], elle avoue l'incertitude de ce "oui", sa détresse, elle prie, elle implore pour un "oui" de l'autre ("oui oui", réitération du "oui", mais dans laquelle le second "oui" n'est pas le même que le premier). Joyce a tout clôturé d'avance dans son texte, mais il détruit aussi, à l'avance, la compétence des experts. Ce double bind de la signature est aussi le double bind de l'oeuvre. Cet appel derridien, qui répond à la possibilité d'un mal absolu par une autre éventualité, celle d'une adresse à l'autre, au tout-autre (inconditionnelle), lequel ne prend pas nécessairement la forme d'un "Qui", mais aussi d'un "Quoi", on peut l'analyser à travers les notions d'acquiescement, réponse, archi-oeuvre, trace, alliance, restitution et peut-être, ce qui vient à la place de l'art. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida DerridaUniversite GV.LLK OeuvrePrincipeHB.LDD DerridaOuiHM.LLK OeuvreOuiRireEH.LHE UMalRadoUI Rang = NUniversiteMalRadGenre = MK - NP |
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