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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | ||||||||||||||||
Un performatif tout autre - aujourd'hui | Un performatif tout autre - aujourd'hui | ||||||||||||||||
Sources (*) : | |||||||||||||||||
Jacques Derrida - "L'université sans condition", Ed : Galilée, 2001, p33 Citation Jacques Derrida, "L'Universite sans Condition" pp32-33 - |
L'espace des oeuvres performatives est le lieu d'un "comme si" à venir, inconditionnellement libre, affranchi de tout enracinement |
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Les oeuvres singulières auxquelles Derrida fait appel dans son texte "L'Université sans condition" sont le lieu d'un "comme si" singulier, déconcertant. CITATION : "A suivre le sens commun, ne peut-on dire que la modalité du « comme si » paraît appropriée à ce qu’on appelle des œuvres [en italiques dans le texte], singulièrement les œuvres d’art, des beaux-arts (peinture, sculpture, cinéma, musique, poésie, littérature, etc.), mais aussi, à des degrés et selon des stratifications complexes, à toutes les idéalités discursives, à toutes les productions symboliques et culturelles (…)" (Jacques Derrida, L’Université sans condition, p31). On trouve dans ce passage une définition de l’œuvre courante, de l’œuvre « au sens commun » (par opposition à un autre type d’œuvre qui n’est pas nommé). Cette œuvre produirait un « ferment déconstructif » (p28), un trouble (p32), mais dans les limites d’un « comme si » qui ne serait pas encore enchaîné à la pensée d’un événement qu’on pourrait dire digne de ce nom : celui qui a lieu ou qui arrive. Il faudrait en d’autres termes distinguer entre un ordre, une logique du « comme si » encore territorialisé, assujetti, conventionnel, et une autre logique du « comme si » mais virtuelle, affranchie de tout enracinement. C’est ici, pour qualifier le second type de « comme si », en référence à la liberté inconditionnelle de l’université, que Derrida introduit le syntagme « œuvre performative ». Alors que le métier, la compétence, relèvent du premier type de « comme si », la profession ou le professorat, ces déclarations performatives, relèvent, selon la « profession de foi » derridienne (dont il reconnaît la dimension d’engagement, voire de militantisme), du second type. Mais comment définir exactement ce second type ? Au-delà de la complexité structurelle et historique de la notion courante d’œuvre (son rapport avec le travail, la signature, l’autorité de l’auteur, le marché, etc.), Jacques Derrida reconnaît qu’il y a là une énigme. CITATION : "Nous devrions étendre ce champ [le champ des travaux auxquels on attribue le nom d’œuvre], au moment où, interrogeant l’énigme du concept d’œuvre, nous essaierions de discerner le type propre au travail universitaire, et notamment dans les Humanités" (L’Université sans condition, p40). En principe, dans la tradition classique-moderne, le savoir universitaire n’est pas constitué d’œuvres. L’acte d’enseigner, de transmettre, de produire une connaissance, n’implique pas nécessairement la signature d’un auteur. D’un côté, l’enseignement reste, dans sa doctrine, essentiellement constatif, même si son objet est philosophique, politique ou éthique ; et même s’il porte sur une fiction ou une œuvre d’art. D’un autre côté, il implique toujours une croyance, un engagement public, une responsabilité, une profession de foi. Or la mutation en cours, aujourd’hui, selon Jacques Derrida, c’est qu’en certains lieux, désormais, on engendre « ce qu’on appelle des œuvres » - ou plus exactement ce qui est ici désigné sous le syntagme œuvre performative, c’est-à-dire quelque chose qui se situe « au-delà » du performatif courant, normatif et descriptif. On notera que, pour définir ce type d’œuvre, Jacques Derrida choisit, une fois de plus, de mettre en jeu l’organisation même de son texte. Dans la dernière partie du livre (IV), il présente sept thèses, propositions ou professions de foi, dont six ne sont qu’une répétition, tandis que la septième et dernière, « qui ne sera pas sabbatique » (p67), mais qu’il « laisse peut-être arriver à la fin » (p72), « tente un pas au-delà des six autres vers une dimension de l’événement ou de l’avoir-lieu ». Ce pas au-delà n’est pas contrôlable, programmable. Il crève l’horizon, fait irruption, il m’arrive, c’est un arrivant qui interrompt toute organisation conventionnelle, un peut-être d’une force irréductible à celle du performatif classique, qui s’accorde non pas au possible, mais à l’impossible. Dans cette conclusion, Jacques Derrida fait appel à tous les thèmes qu’il a développés pendant les quinze années qui précèdent ce texte : l’invention, le don, le pardon, l’hospitalité, la justice, l’amitié. Quel est le point commun à ces thèmes ? On peut le trouver dans une allusion à un « tout autre » qui ne serait pas théologique : |
CITATION : "Mais vous voyez bien que ce « si », ce « et si », ce « comme si » n’est plus réductible à l’ordre de tous les « comme si » dont nous avons parlé jusqu’ici. Et s’il se décline selon le mode verbal du conditionnel, c’est aussi pour annoncer l’inconditionnel, l’éventuel ou le possible événement de l’inconditionnel impossible, le tout autre – que nous devrions désormais (cela non plus je ne l’ai pas encore dit ni fait aujourd’hui) dissocier de l’idée théologique de souveraineté" (Jacques Derrida, L’Université sans condition, p76). --- Ci-dessous, une autre citation de L'Université sans condition (pp32-33).
Les trois dernières pages du livre touchent à l’activité professionnelle de Jacques Derrida “lui-même“ - le professorat. Que se donne-t-il pour tâche ? Produire des œuvres performatives qui répondent à une double condition : - s’inscrire dans les thématiques dont la liste figure ci-dessus (une ambition déjà démesurée), - penser une indépendance inconditionnelle de la pensée [un pur événement], sans s’exposer à un fantasme de maîtrise souveraine, indivisible [la répétition d’un schème]. Tout se passe « comme si » le philosophe de la déconstruction, contraint de situer son activité dans le contexte de l’Aporie n°2 (caractéristique de l’université), devait s’exposer à l’Aporie n°1, qui s’impose à lui depuis un autre lieu, un lieu « tout autre ». L’institution universitaire étant le lieu du constatif, du conventionnel, du répétitif, il faut y faire venir les forces du dehors, « qu’elles soient culturelles, idéologiques, politiques, économiques ou autres » : CITATION : "En s’alliant à des forces extra-académiques, pour opposer une contre-offensive inventive, par ses œuvres, à toutes les tentatives de réappropriation (politique, juridique, économique, etc.), et à toutes les autres figures de la souveraineté" (L’Université sans condition, p78). La mise en œuvre de l’autre mode du « si » étant plus que difficile, impossible, dans le contexte de l’université, il faut en appeler à une autre topologie : celle du bord. Cette topologie est celle de l’œuvre performative. Déjà décrite dans La Vérité en peinture pour le parergon kantien ou pour le supplément pur pictural (celui de Van Gogh comme celui de Cézanne), cette topologie déborde l’héritage humaniste : elle pose la double question de la promesse et du commencement. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Derrida PerfToutAutre FE.LEF UOeuvrePerfCommeSi Rang = NOeuvrePerfCommeSiGenre = MK - CIT |
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