Jacques Derrida rapproche la liberté des figures de l'inconditionnel qu'il a étudiées : l'hospitalité, le don, le pardon, l'imprévisibilité, le peut-être, la venue de l'autre. Chaque fois c'est un impossible, mais un impossible sans négativité : il ne s'oppose à rien, il s'affirme (il affirme à la fois son impossibilité et l'au-delà de cette impossibilité). La liberté ne part ni d'un constat, ni d'un savoir, ni d'une théorie, ni d'un calcul. Elle est comme une bouche qui parle, une blessure qui saigne : ouverte, hétérogène, marquant une coupure absolue par rapport à toute détermination. Passant par l'autre, venant de l'autre, elle fait irruption en excédant tout pouvoir, tout devoir, toute dette. Aucun contexte ne peut la déterminer ni la neutraliser. Elle s'expose à ses risques et périls.

Image finale du film "La Dilettante", de Pascal Thomas (1998) : le départ de Pierette, enfin libre.